Contrairement Ă une opinion parfois rĂ©pandue, Marx nâa pas dĂ©laissĂ© les questions du racisme et du colonialisme de son entreprise intellectuelle. Câest mĂȘme avec une plume acerbe quâil sây est opposĂ©. De lâesclavagisme au nazisme, en passant par le colonialisme, les classes dominantes ont utilisĂ© le racisme pour diviser la classe ouvriĂšre et justifier les guerres. Deux cents ans aprĂšs sa naissance, repartir des thĂšses de Marx offre-t-il un cadre dâanalyse pour mieux comprendre lâorigine du racisme et son lien avec le capitalisme, et pour trouver les moyens de le combattre ? Luttes de classes et antiracisme sont-ils, en somme, compatibles ? Contre une caricature du marxisme Aujourdâhui, pour certains dans la gauche, lâantiracisme serait une question secondaire, la seule contradiction fondamentale serait sociale, entre Capital et Travail. Pour dâautres, Marx nâa jamais abordĂ© la question du racisme et nâoffre pas de cadre dâanalyse pertinent pour aborder cette question. Or, deux cents ans aprĂšs sa naissance, retourner Ă Marx et aux dĂ©bats et combats quâil a inspirĂ©s au 19e et 20e siĂšcles permet au contraire, Ă notre sens, de clarifier des enjeux majeurs actuels. Lâhistoire de toute sociĂ©tĂ© jusquâĂ nos jours nâa Ă©tĂ© que lâhistoire de luttes de classes » est une des citations les plus cĂ©lĂšbres de Marx dans le Manifeste du parti communiste. Mais que veut-elle dire rĂ©ellement ? Certains en dĂ©duisent que le marxisme est une thĂ©orie Ă©conomique dĂ©terministe, se rĂ©duisant Ă lâopposition entre travailleurs et capitalistes dans un cadre national. Dans cette vision, le marxisme nâoffrirait aucun cadre pour aborder des questions aussi essentielles que le racisme et le nĂ©o-colonialisme. Rien nâest plus faux. Dâabord, Marx donne un cadre dâanalyse matĂ©rialiste de lâhistoire, partant du dĂ©veloppement des forces productives les usines, les technologies⊠et des rapports de production matĂ©riels les rapports entre classes comme base. Dans ce sens, la base matĂ©rielle, Ă©conomique, dĂ©termine, en derniĂšre instance, la superstructure lâĂtat, la politique, lâidĂ©ologie, la culture des diffĂ©rentes classes. Mais Marx explique que la superstructure, la politique, la lutte des idĂ©es⊠peuvent Ă leur tour peser sur la lutte des classes et, finalement, sur les rapports de production pour transformer la sociĂ©tĂ©. Marx nâest pas dĂ©terministe dans le sens quâil montre comment les ĂȘtres humains, Ă partir dâune comprĂ©hension du monde, peuvent non seulement le dĂ©crire mais aussi le transformer. Ensuite, si Marx place la contradiction entre Capital et Travail comme centrale dans le dĂ©veloppement du capitalisme, il montre dĂšs le dĂ©but son caractĂšre international et souligne lâimportance de lâunitĂ© internationale des travailleurs. Marx et Engels, dĂšs le Manifeste du parti communiste en 1848, distinguent les communistes des autres organisations ouvriĂšres, en particulier sur le point que dans les diffĂ©rentes luttes nationales des prolĂ©taires, ils mettent en avant et font valoir les intĂ©rĂȘts indĂ©pendants de la nationalitĂ© et communs Ă tout le prolĂ©tariat mondial ». Marx et Engels concluent par le cĂ©lĂšbre Les prolĂ©taires nâont rien Ă perdre que leurs chaĂźnes. Ils ont un monde Ă y gagner. ProlĂ©taires de tous les pays unissez-vous ! » Enfin, Ă©crit le philosophe italien Losurdo, il faut se garder dâune lecture binaire de la sociĂ©tĂ©, limitĂ©e Ă une dimension Relisons le Manifeste du parti communiste âLâhistoire de toute sociĂ©tĂ© jusquâĂ nos jours nâa Ă©tĂ© que lâhistoire de luttes de classeâ, et elles prennent des âformes diffĂ©rentesâ. Le recours au pluriel laisse entendre que la lutte entre prolĂ©tariat et bourgeoisie ou entre travail salariĂ© et classes propriĂ©taires nâest quâune des luttes de classe. Il y a aussi la lutte de classe dâune nation qui se dĂ©barrasse de lâexploitation et de lâoppression coloniale1. » Losurdo dĂ©crit ainsi le marxisme comme une thĂ©orie gĂ©nĂ©ral du conflit social toutes les luttes de lâhistoire [âŠ] ne sont que lâexpression plus ou moins claire de luttes entre classe sociales. » Autrement dit, on ne peut rĂ©duire les luttes des classes Ă une relation binaire Capital-Travail, entre bourgeois et travailleurs. Dans chaque situation concrĂšte, un entrelac particulier de contradictions peut imposer une hiĂ©rarchisation dĂ©terminĂ©e des diffĂ©rentes luttes des classes sociales. Cette hiĂ©rarchisation ne doit cependant pas empĂȘcher que chacune de ces luttes des classes soit prise en considĂ©ration2. Et surtout que cette hiĂ©rarchisation peut Ă©voluer selon les pays et les situations historiques. Marx pointe ainsi la division internationale du travail, liĂ©e au dĂ©veloppement inĂ©gal du capitalisme. Les pays oĂč se dĂ©veloppent le capitalisme dans sa forme la plus avancĂ©e comme la Grande-Bretagne partent Ă la conquĂȘte du monde, pillant les richesses dâautres pays, colonisant, expropriant et introduisant dâautres formes de conflits que celui entre Capital et Travail. Le pillage des colonies est dâailleurs aussi la condition sine qua non pour le dĂ©veloppement du capitalisme, comme lâexplique Marx dans Le Capital Les trĂ©sors directement extorquĂ©s hors de lâEurope par le travail forcĂ© des indigĂšnes rĂ©duits en esclavage, par le pillage et le meurtre refluaient Ă la mĂšre patrie pour y fonctionner comme capital3. » Si au niveau dâune mĂ©tropole capitaliste, la contradiction entre Capital et Travail est premiĂšre, les fondateurs du marxisme pointent la contradiction grandissante entre nations impĂ©rialistes et nations opprimĂ©es. Une nation ne peut pas devenir libre et en mĂȘme temps continuer Ă opprimer dâautres nations », Ă©crit dĂ©jĂ Engels, alter ego de Marx, en 1847. Alors que câest la rencontre de la rĂ©alitĂ© des classes ouvriĂšres anglaise et française qui a fait de Marx et dâEngels des communistes, câest la rĂ©sistance des peuples qui les amĂšne Ă lâanticolonialisme. En 1858, la rĂ©volte des Cipayes, en Inde, marque un tournant dĂ©cisif alors que toute la presse europĂ©enne se lamente sur les tueries dont sont victimes les EuropĂ©ens » et sur la sauvagerie » des rĂ©voltĂ©s, seuls Marx et Engels prennent leur dĂ©fense. Puis, quand les Chinois se rĂ©voltent contre les interventions occidentales, ils Ă©crivent Au lieu de crier au scandale Ă cause de la cruautĂ© des Chinois, on ferait mieux de reconnaĂźtre quâil sâagit dâune guerre populaire pour la survie de la nation chinoise4. » En Irlande, colonie de lâAngleterre, Marx et Engels travaillent avec le mouvement anticolonial des Fenians pour eux, dans lâIrlande du 19e siĂšcle, la question sociale » se pose comme une question nationale ». Pour lâIrlande, lâInde ou la Chine, la lutte des classes devient celle qui oppose les classes qui sâopposent Ă lâoppression nationale et les classes qui dĂ©fendent la colonisation. LĂ©nine, Ă la suite de Marx, combat aussi une vision Ă©conomiste, rĂ©ductionniste du marxisme, une vision qui rĂ©duirait le conflit social uniquement Ă celui entre le travailleur et son patron. Dans son Que Faire ? en 1902, il Ă©crit La conscience de la classe ouvriĂšre ne peut ĂȘtre une conscience politique vĂ©ritable si les ouvriers ne sont pas habituĂ©s Ă rĂ©agir contre tous abus, toute manifestation dâarbitraire, dâoppression, de violence, quelles que soient les classes qui en sont victimes, et Ă rĂ©agir justement du point de vue marxiste, et non dâun autre5. Autrement dit, LĂ©nine plaide pour que le travailleur prenne parti contre lâexploitation Ă©conomique quâil subit mais aussi contre dâautres formes dâoppression discriminations, racisme, autoritarisme, rĂ©pression policiĂšre⊠quâil subit directement mais que dâautres couches de la sociĂ©tĂ© subissent Ă©galement. LĂ©nine avance quâil est indispensable de lutter radicalement pour lâĂ©galitĂ© des droits pour arriver Ă sâĂ©manciper du capitalisme. Et il dĂ©montre comment le capitalisme attaque les droits des minoritĂ©s nationales comme banc dâessai pour rĂ©duire les droits de la population tout entiĂšre. Une nation ne peut pas devenir libre et en mĂȘme temps continuer Ă opprimer dâautres nations », Ă©crit Engels. LĂ©nine dĂ©fend le point de vue que la lutte pour changer fondamentalement de sociĂ©tĂ© nâest pas un acte unique, une bataille unique sur un seul front, [mais que] câest toute une Ă©poque de conflits de classes aigus, une longue succession de batailles sur tous les fronts, câest-Ă -dire sur toutes les questions dâĂ©conomie et de politique ». Que ce soit sur le terrain des droits dĂ©mocratiques ou pour combattre le nationalisme, le racisme et lâantisĂ©mitisme ou encore pour dĂ©fendre le droit des nations opprimĂ©s Ă se libĂ©rer du colonialisme⊠Il ajoute quâun bouleversement de lâordre social peut Ă©clater non seulement Ă la suite dâune grande grĂšve ou dâune manifestation de rue, ou dâune Ă©meute de la faim, ou dâune mutinerie des troupes, ou dâune rĂ©volte coloniale, mais aussi Ă la suite dâune quelconque crise politique ou Ă la faveur dâun rĂ©fĂ©rendum Ă propos de la sĂ©paration dâune nation opprimĂ©e, etc6. » En somme, LĂ©nine souligne les multiples dimensions de lâoppression sous le capitalisme. Et la nĂ©cessitĂ© de sây opposer de façon multiforme. Marx et la lutte pour lâĂ©galitĂ© des droits La rĂ©volution amĂ©ricaine de 1776 et la rĂ©volution française de 1789 marquent le passage de lâhĂ©gĂ©monie du capitalisme sur la fĂ©odalitĂ©. La fĂ©odalitĂ© est caractĂ©risĂ©e par une division en classes entre seigneurs et serfs, un systĂšme politique arbitraire basĂ© sur le droit divin. LâĂ©galitĂ© entre les hommes et la libertĂ© politique ne sont pas Ă©voquĂ©es, elles sont combattues. Le seigneur a droit de vie ou de mort sur le serf. Le capitalisme montant au 18e siĂšcle, pour se libĂ©rer du fĂ©odalisme et de son arbitraire Ă©touffant, de ses entraves au marchĂ©, va proclamer la nĂ©cessitĂ© de lâĂ©galitĂ© en droits entre les hommes. Câest un tournant majeur par rapport Ă lâAncien RĂ©gime et câest la base politique de la bourgeoisie pour renverser les privilĂšges de la noblesse. La proclamation des droits de lâhomme, de lâĂ©galitĂ© et de la libertĂ© entre les hommes, lors des rĂ©volutions amĂ©ricaine et française nâaboutit pourtant pas Ă la fin de lâexploitation, de lâoppression et des discriminations. Au contraire mĂȘme, le capitalisme va ouvrir une pĂ©riode de dĂ©veloppement du racisme. Marx va analyser ce paradoxe apparent la proclamation des droits Ă©gaux nâaboutit pas Ă leur rĂ©alisation pour la majoritĂ© de la population sous le capitalisme. Il Ă©crit Chaque paragraphe de la Constitution contient, en effet, sa propre antithĂšse [âŠ] Dans le texte, la libertĂ© ; dans la marge, la suppression de cette libertĂ©. [âŠ] Lâexistence constitutionnelle de la libertĂ© resta entiĂšre, intacte, bien que son existence rĂ©elle fĂ»t totalement anĂ©antie7. » Marx montre la source Ă©conomique Ă la base de ce paradoxe la bourgeoisie a proclamĂ© ses droits, pour supplanter la noblesse, pas du tout pour donner lâĂ©galitĂ© au reste du peuple, quâil doit exploiter et opprimer. Ce qui fera dire Ă Marx Lâapplication du droit de lâhomme Ă la libertĂ©, câest le droit de lâhomme Ă la propriĂ©tĂ© privĂ©e8. » Ă la proclamation des droits universels de lâhomme, succĂšdent directement la limitation ou lâabsence de ces droits pour une grande partie. Ainsi, au sein des mĂ©tropoles, par exemple en France, dans la lutte de classes entre Travail et Capital, les droits des travailleurs sont immĂ©diatement limitĂ©s par la Loi Chapelier 1791 qui interdit quasiment le droit dâorganisation et de grĂšve des travailleurs qui menacerait le droit Ă la propriĂ©tĂ© privĂ©e ». La discrimination censitaire fera en sorte que la classe ouvriĂšre et les couches les plus pauvres seront exclues du droit de vote aux Ă©lections durant plus dâun siĂšcle un siĂšcle et demi pour les femmes. Mais lĂ oĂč lâĂ©galitĂ© en droits est le plus niĂ©, combattu, justifiĂ©, câest pour les esclaves et les peuples colonisĂ©s. Qui nâont aucun droit. Et le racisme sert Ă justifier cette inĂ©galitĂ©. On peut le voir avec lâesclavagisme aux Ătats-Unis. Il se dĂ©veloppe de maniĂšre fulgurante aprĂšs la rĂ©volution bourgeoise amĂ©ricaine Le total de la population esclave en AmĂ©rique sâĂ©levait Ă environ 33 000 en 1700, Ă presque trois millions en 1800, pour atteindre finalement un pic de plus de six millions dans les annĂ©es cinquante du XIXe siĂšcle9. » Ce dĂ©veloppement est directement liĂ© au dĂ©veloppement vertigineux du capitalisme, en particulier de lâindustrie textile britannique qui sâalimentait en coton produit au sud des Ătats-Unis, dans ce quâon a appelĂ© le commerce triangulaire les Noirs dâAfrique Ă©taient dĂ©portĂ©s aux AmĂ©riques comme esclaves pour y ĂȘtre exploitĂ©s et permettre lâapprovisionnement de lâEurope en produits des AmĂ©riques. Câest ainsi quâon retombe sur ce paradoxe apparent la rĂ©volution libĂ©rale aux Ătats-Unis, qui proclame des principes de libertĂ© et dâĂ©galitĂ©, va de pair avec le dĂ©veloppement de lâesclavage racial. Dans les premiĂšres dĂ©cennies qui suivirent lâindĂ©pendance de 1776, presque tous les prĂ©sidents des Ătats-Unis Ă©taient propriĂ©taires dâesclaves Washington, mais aussi Jefferson, lâauteur de la DĂ©claration dâindĂ©pendance, Madison, un des principaux auteurs de la Constitution. Aux Ătats-Unis, lâesclavage durera jusquâĂ la fin de la guerre de SĂ©cession, câest-Ă -dire 1865. A la grande fureur de leurs maĂźtres français les esclaves haĂŻtiens ont pris au mot la devise de la RĂ©volution française, LibertĂ©, EgalitĂ©, FraternitĂ© ». En France, NapolĂ©on combattra la grande rĂ©volution victorieuse des esclaves noirs de Saint-Domingue, aujourdâhui HaĂŻti, rĂ©volution dirigĂ©e par le grand Toussaint Louverture en 1800. Or, les esclaves haĂŻtiens ont pris au mot la devise de la RĂ©volution française, LibertĂ©, EgalitĂ©, FraternitĂ© », Ă la grande fureur de leurs maĂźtres français qui ne voulaient pas de cette Ă©galitĂ©. De cette rĂ©volution remarquable va naĂźtre le premier Ătat du continent amĂ©ricain Ă abolir lâesclavage. Ensuite, lâesclavage va disparaĂźtre dans presque toute lâAmĂ©rique latine grĂące au mouvement de libĂ©ration et dâindĂ©pendance de Simon Bolivar, fortement influencĂ© par la rĂ©volution haĂŻtienne. Une rĂ©volution qui va inspirer Marx et le mouvement socialiste naissant. Marx va alors sâengager pour soutenir les forces qui, aux Ătats-Unis, combattent lâesclavagisme et les propriĂ©taires dâesclaves du Sud. Dans une lettre au prĂ©sident Lincoln, il Ă©crit que la rĂ©bellion des esclavagistes sonne le tocsin pour une croisade gĂ©nĂ©rale de la propriĂ©tĂ© contre le travail et avance que tant que les travailleurs amĂ©ricains blancs permirent Ă lâesclavage de souiller leur propre RĂ©publique ; tant quâils se glorifiĂšrent de jouir â par rapport aux Noirs qui avaient un maĂźtre et Ă©taient vendus sans ĂȘtre consultĂ©s â du privilĂšge dâĂȘtre libres de se vendre eux-mĂȘmes et de choisir leur patron, ils furent incapables de combattre pour la vĂ©ritable Ă©mancipation du travail ou dâappuyer la lutte Ă©mancipatrice de leurs frĂšres europĂ©ens10. Car le dĂ©veloppement du racisme a servi Ă justifier lâexclusion des Noirs du champ oĂč sâexerce la dĂ©mocratie » et Ă lĂ©gitimer dĂ©mocratiquement » lâesclavagisme. Lâauteure marxiste amĂ©ricaine Ellen Meiksins Wood lâĂ©crit ainsi Câest prĂ©cisĂ©ment la pression structurelle contre une diffĂ©rence extra-Ă©conomique qui a rendu nĂ©cessaire de justifier lâesclavage en excluant les esclaves de la race humaine, faisant dâeux des non-personnes se trouvant en dehors de lâunivers normal de la libertĂ© et de lâĂ©galitĂ©11 » . Marx, lâIrlande et la lutte contre le racisme Durant les premiĂšres annĂ©es de leur sĂ©jour en Angleterre dans les annĂ©es 1850, Marx et Engels placent beaucoup dâespoir dans les travailleurs anglais pour ĂȘtre les pionniers de la libĂ©ration de la classe ouvriĂšre, Ă©tant donnĂ© quâils sont au cĆur du systĂšme capitaliste le plus avancĂ©. Mais assez vite, ils sont confrontĂ©s Ă la division entre les travailleurs dâorigine anglaise et irlandaise. LâIrlande est une colonie anglaise. Ce pays est confrontĂ© Ă lâexpropriation systĂ©matique des terres irlandaises par les grands propriĂ©taires fonciers anglais, par une rĂ©pression sans nom que certains compareront Ă celle des Indiens dâAmĂ©rique. LâĂźle est vidĂ©e de ses habitants qui Ă©migrent aux Ătats-Unis et en Grande-Bretagne, oĂč ils sont doublement opprimĂ©s comme tout travailleurs dans le systĂšme capitaliste et comme Irlandais ayant un salaire et un statut infĂ©rieurs. Cette situation permet aux capitalistes de faire pression Ă la baisse sur les salaires de toute la classe ouvriĂšre. Mais cette oppression supplĂ©mentaire du travailleur irlandais est politique, car le travailleur irlandais a moins de droits, pouvant ĂȘtre expulsĂ© et pourchassĂ© Ă tout moment. Et cette oppression est idĂ©ologiquement justifiĂ©e par la bourgeoisie en attisant les prĂ©jugĂ©s nationalistes de supĂ©rioritĂ© chez le travailleur anglais. Lâasservissement de lâIrlande empĂȘche lâĂ©mancipation de la classe ouvriĂšre anglaise, dit Marx. Mais il va plus loin Ce qui est primordial, câest que chaque centre industriel et commercial dâAngleterre possĂšde maintenant une classe ouvriĂšre divisĂ©e en deux camps hostiles les prolĂ©taires anglais et les prolĂ©taires irlandais. Lâouvrier anglais moyen dĂ©teste lâouvrier irlandais en qui il voit un concurrent qui dĂ©grade son niveau de vie. [âŠ] Il se berce de prĂ©jugĂ©s religieux, sociaux et nationaux contre les travailleurs irlandais. Il se comporte Ă peu prĂšs comme les blancs pauvres vis-Ă -vis des noirs dans les anciens Ătats esclavagistes des Ătats-Unis12. On voit bien que pour Marx, ce racisme anti-Irlandais est tout Ă la fois un instrument dâoppression Ă©conomique, politique et idĂ©ologique. Et Marx pointe le danger mortel du racisme dans la lutte contre le capitalisme Cet antagonisme est le secret de lâimpuissance de la classe ouvriĂšre anglaise, malgrĂ© son organisation. Câest le secret du maintien au pouvoir de la classe capitaliste, et celle-ci en est parfaitement consciente. [âŠ] La tĂąche de lâInternationale est donc en toute occasion de mettre au premier plan le conflit entre lâAngleterre et lâIrlande, et de prendre partout ouvertement parti pour lâIrlande. Il doit sâattacher tout particuliĂšrement Ă Ă©veiller dans la classe ouvriĂšre anglaise la conscience que lâĂ©mancipation nationale de lâIrlande nâest pas pour elle une question abstraite de justice ou de sentiments humanitaires, mais la condition premiĂšre de leur propre Ă©mancipation sociale. » Marx en a conclu que pour le travailleur, pas seulement en Angleterre, mais dans le monde entier, pour ĂȘtre libĂ©rĂ©, pour dĂ©truire le systĂšme capitaliste, le systĂšme colonial devait tomber13 », explique Mary Gabriel, auteure dâune biographie sur Marx. Il y a dans lâanalyse de Marx les prĂ©misses dâune analyse du racisme moderne un puissant moyen de diviser les travailleurs et de les mettre en concurrence Ă lâintĂ©rieur des mĂ©tropoles impĂ©rialistes et un instrument de justification du colonialisme et des guerres impĂ©rialistes Ă lâextĂ©rieur. LâimpĂ©rialisme et la lutte contre le chauvinisme Dans la deuxiĂšme moitiĂ© du dix-neuviĂšme siĂšcle, le capitalisme sâĂ©tend largement au-delĂ des frontiĂšres nationales, cherche de nouveaux marchĂ©s et ouvre lâĂšre de ce quâon appelle lâimpĂ©rialisme. Câest le temps de la colonisation de lâAfrique et de lâAsie par les pays europĂ©ens et celui des nouveaux empires. Cette pĂ©riode ouvre aussi une nouvelle phase du dĂ©veloppement du racisme en Europe. Si câest dâabord le moteur Ă©conomique du systĂšme qui pousse Ă la colonisation, dâautres motivations plus politiques sont aussi Ă lâĆuvre. Il sâagit pour les classes dominantes de diviser la classe des travailleurs et de propager le chauvinisme, ce patriotisme exclusif et agressif. Le monde du travail, appauvri, commence Ă sâorganiser dans les syndicats et les coopĂ©ratives. La premiĂšre Internationale des travailleurs voit le jour en 1864, la Commune de Paris fait trembler le continent europĂ©en en 1871. Les tenants de lâordre Ă©tabli ont eu peur et voient dans la colonisation une opportunitĂ© ils peuvent exporter le prolĂ©tariat excĂ©dentaire » vers les colonies, ce qui permet de calmer la rĂ©volte sociale qui gronde en mĂ©tropole. Aux Etats-Unis, avant la guerre de SĂ©cession, le dĂ©veloppement du racisme a servi Ă justifier lâexclusion des Noirs du champ oĂč sâexerce la dĂ©mocratie ». LâĂ©crivain Ernest Renan, peu aprĂšs la Commune de Paris, Ă©crit La colonisation est une nĂ©cessitĂ© politique tout Ă fait de premier ordre. Une nation qui ne colonise pas est irrĂ©vocablement vouĂ©e au socialisme, Ă la guerre du riche et du pauvre14 ». Pour Ă©viter son renversement, la classe dominante favorise ouvertement une sorte de socialisme impĂ©rial ». Elle justifie ainsi dans la classe ouvriĂšre les conquĂȘtes coloniales et donne quelques miettes du gĂąteau colonial Ă une petite minoritĂ© de travailleurs ce que LĂ©nine appellera lâaristocratie ouvriĂšre » afin dâĂ©viter le spectre dâune rĂ©volution sociale. Une perspective totalement opposĂ©e Ă celle des fondateurs du marxisme. Il est possible que lâInde fasse la rĂ©volution et puisque le prolĂ©tariat en lutte pour la libĂ©ration ne peut mener des guerres coloniales, il lui faudra accepter ce processus. [âŠ] La mĂȘme chose pourrait se produire ailleurs, par exemple en AlgĂ©rie et en Egypte, et pour nous, ce serait certainement ce qui serait le mieux », Ă©crit Engels dĂšs 188215, montrant ainsi le lien qui existe entre la lutte de libĂ©ration nationale dans les pays du Sud et la lutte pour le socialisme au Nord. Au tournant du 20e siĂšcle, deux courants vont sâopposer dans le mouvement ouvrier europĂ©en. Lâun est portĂ© par Bernstein et consorts qui vont reprendre la logique du socialisme impĂ©rial », lâautre est incarnĂ© par LĂ©nine et bien dâautres qui sâinspirent de lâinternationalisme de Marx. LâAllemand Bernstein, pĂšre du rĂ©formisme social-dĂ©mocrate, Ă©crit Sans lâexpansion coloniale de notre Ă©conomie, la misĂšre que nous avons encore aujourdâhui en Europe et que nous nous efforçons dâĂ©radiquer serait bien plus grave et nous aurions beaucoup moins dâespoir de lâĂ©liminer. MĂȘme si on le met en balance avec les mĂ©faits du colonialisme, lâavantage procurĂ© par les colonies pĂšse de plus en plus lourd dans la balance16. En Belgique aussi, ce socialisme impĂ©rial gagne une majoritĂ© des dirigeants du monde du travail. Le prĂ©sident du POB, Vandervelde, ne sâoppose pas par principe Ă la colonisation mais seulement Ă ses excĂšs les plus manifestes. Dans son livre La Belgique et le Congo, Vandervelde estime quâabandonner la colonie Ă©quivaudrait Ă une humiliation morale17, tandis que dans Les derniers jours de lâEtat du Congo, il lance un appel aux milliers de jeunes gens [en Belgique] qui assiĂšgent les ministĂšres pour obtenir une misĂ©rable place. [âŠ] Quâils aillent plutĂŽt au Congo. Ils y trouveront des traitements plus Ă©levĂ©s et surtout une vie plus libre et plus intĂ©ressante, au milieu de toutes les possibilitĂ©s des pays neufs, dans la majestueuse solitude des forĂȘts de la brousse18. » Vandervelde recrute activement des colons, se plaçant clairement du cĂŽtĂ© de lâoppression coloniale. Ce socialisme impĂ©rial de la premiĂšre moitiĂ© du vingtiĂšme siĂšcle entend obtenir des rĂ©formes sociales dans les mĂ©tropoles mais lĂ©gitime, dans le mĂȘme temps, lâexpansion coloniale et son cortĂšge de massacres, ce qui le mĂšnera aussi Ă soutenir les puissances impĂ©rialistes dans la PremiĂšre Guerre mondiale, guerre dont lâenjeu majeur sera le repartage des colonies. Il aboutira aussi Ă dĂ©velopper un chauvinisme fortement ancrĂ© dans la tĂȘte de millions de travailleurs des mĂ©tropoles. Face au courant portĂ© par Bernstein, LĂ©nine, dans la lignĂ©e de Marx, va analyser le colonialisme comme le produit du capitalisme et de lâimpĂ©rialisme, et va porter son attention sur la question des nations opprimĂ©es. En 1902, parlant de lâĂ©crasement de la rĂ©volte des Boxers en Chine en 1900, LĂ©nine accuse les Occidentaux envahisseurs qui se sont jetĂ©s sur les Chinois comme des bĂȘtes fĂ©roces, livrant aux flammes des village sentiers⊠». LĂ©nine avance que câest une entreprise qui vise Ă corrompre la conscience politique des classes populaires ». Pour Ă©liminer le mĂ©contentement du peuple », on cherche Ă le dĂ©tourner du gouvernement sur quelquâun dâautre ». LĂ©nine avance aussi que la colonisation encourage le changement social et la rĂ©volution en Orient dans les pays colonisĂ©s ou semi-colonisĂ©s alors quâelle renforce, au moins dans lâimmĂ©diat, le pouvoir dominant en Occident. Il dĂ©nonce aussi la formation dâune aristocratie ouvriĂšre, une petite minoritĂ© de la classe ouvriĂšre qui se fait acheter matĂ©riellement et idĂ©ologiquement par les classes dominantes. Il appelle donc Ă combattre lâimpĂ©rialisme en Occident, y compris dans le mouvement ouvrier, alors quâen Orient, il importe de soutenir sans hĂ©sitation la rĂ©volution anticoloniale. La rĂ©volution russe de 1917 ouvre ainsi une nouvelle sĂ©quence historique. En particulier, celle de la dĂ©colonisation. Les habitants de lâAsie et de lâAfrique », des centaines de millions dâĂȘtres humains », en rĂ©bellion contre le joug imposĂ© par la mĂ©tropole capitaliste, ont rappelĂ© leur volontĂ© dâĂȘtre des hommes et non des esclaves », indique LĂ©nine. La rĂ©vĂ©lation des traitĂ©s secrets Sykes-Picot traitĂ©s entre lâAngleterre et la France se partageant le Moyen-Orient par les SoviĂ©tiques fait Ă©merger un mouvement nationaliste sans prĂ©cĂ©dent dans le monde arabe. En Asie, la Chine mais aussi le Vietnam sâinspirent, dĂšs les annĂ©es 20, du marxisme dans leur mouvement de libĂ©ration nationale. Le nazisme Lâanalyse marxiste reste fĂ©conde pour lâĂ©tude de lâĂ©mergence du nazisme, alimentĂ©e par un racisme forcenĂ© qui va mener Ă la plus grande barbarie du vingtiĂšme siĂšcle, et montre que le nazisme ne peut ĂȘtre dĂ©tachĂ© de lâanalyse du dĂ©veloppement du capitalisme19, ni ĂȘtre prĂ©sentĂ© comme un excĂšs ou un accident de parcours de celui-ci. Tout comme il met en avant que la dĂ©faite du nazisme, quintessence du racisme et du colonialisme, nâa pas Ă©tĂ© une dĂ©faite limitĂ©e Ă lâAllemagne, mais une dĂ©faite des forces rĂ©actionnaires au niveau mondial et une phase de progrĂšs de la lutte antiraciste et anticoloniale. Car si en 1871, le chancelier Bismarck proclame la crĂ©ation du IIe Reich, lâAllemagne nâest pas encore une nation en tant que telle. Le dĂ©veloppement du capitalisme y est plus tardif et, lors de la ConfĂ©rence de Berlin de 1885, quand Bismarck veut obtenir un empire colonial pour lâAllemagne, son butin » comparĂ© Ă la Grande-Bretagne et Ă la France est maigre. DĂšs ce moment, lâAllemagne dĂ©veloppe une armĂ©e dont lâambition est de mener des guerres partout dans le monde pour arracher des nouvelles colonies et rattraper son retard. Pourtant, dans certains groupes dâindustriels, comme les principaux dirigeants du cartel charbon-acier de la Ruhr, on juge que lâempereur allemand et son chancelier Bismarck ne sont pas assez offensifs en la matiĂšre. Ils fondent en 1890 le Alldeutscher Verband20 la Ligue Pangermanique. Les pangermanistes justifient la volontĂ© dâexpansion et de conquĂȘtes de lâindustrie allemande par des thĂ©ories inspirĂ©es du darwinisme social le Kampf ums Dasein se battre pour exister, le droit du plus fort, la nĂ©cessitĂ© pour le peuple allemand en croissance rapide dâavoir plus dâespace vital Lebensraum pour pouvoir survivre. Ce Lebensraum devrait se concrĂ©tiser par une nouvelle conquĂȘte de territoires Ă lâEst. Dans lâĂtat quâimaginent les pangermanistes, il sâagit de dĂ©fendre lâordre et lâexigence dâune puretĂ© de la race » de ses habitants, par la soumission Ă lâautoritĂ©. LâunitĂ© de la nation exige lâexclusion des minoritĂ©s et de tous ceux qui pensent diffĂ©remment. Mais lâexpansionnisme exige aussi la suppression des problĂšmes internes, particuliĂšrement les tensions sociales, et la mise en cause de lâexistence de minoritĂ©s nationales. Lâexpulsion ou lâassimilation forcĂ©e des populations slave et juive des territoires annexĂ©s est mise en avant. LâAlldeutscher Verband tente de dĂ©tourner la classe ouvriĂšre du socialisme internationaliste en lui prĂ©sentant un socialisme national. Aussi, elle fait la promotion dâun nouvel antisĂ©mitisme impĂ©rialiste. Il sâagit de prĂ©senter aux travailleurs, influencĂ©s par le socialisme, une perspective de lutte contre le grand capital juif » coupable de tous les maux, qui ne mettrait pas en danger lâunitĂ© de la nation allemande si chĂšre aux industriels. Marx a conclu du cas irlandais que pour le travailleur dans le monde entier, pour ĂȘtre libĂ©rĂ©, le systĂšme colonial devait tomber ». Cet antisĂ©mitisme impĂ©rialiste est trĂšs pernicieux. Affirmant que le socialisme Ă©tait en soi un but louable, les tenants de cette thĂ©orie dĂ©fendaient quâen affirmant notamment que lâhistoire est une histoire de classes et de lutte de classes, le socialisme marxiste, lui, Ă©tait basĂ© sur une erreur historique et thĂ©orique. Pour eux, les classes devaient ĂȘtre unifiĂ©es et lâĂ©lĂ©ment unificateur Ă©tait le sang », la race ». Or, la race la plus pernicieuse », qui voulait la destruction de la race allemande », câĂ©tait, pour eux, les Juifs, qui avaient comme mĂ©thodes lâinternationalisme » et la lutte de classes ». Ces mĂ©thodes avaient Ă©tĂ© importĂ©es dans le socialisme allemand honorable » par les Juifs dans le but dâaffaiblir la nation allemande » preuve pour eux, Marx Ă©tait juif. Dans cette nouvelle forme du socialisme impĂ©rial qui deviendra plus tard le national-socialisme, le vrai socialisme allemand » reconnaissait la nĂ©cessitĂ© pour les travailleurs de combattre pour lâespace vital ». Jusquâau sortir de la PremiĂšre Guerre mondiale, cet antisĂ©mitisme impĂ©rialiste nâest pas dominant. Le courant dominant dans la classe bourgeoise allemande avait obtenu le soutien des dirigeants sociaux-dĂ©mocrates pour entrer en guerre en sâappuyant sur un nationalisme classique ». Mais la guerre nâavait pas Ă©tĂ© gagnĂ©e, car Ă©puisĂ©e par quatre ans de guerre, une partie des travailleurs en armes sâĂ©tait soulevĂ©e dĂ©but novembre 1918, entraĂźnant la fin de la guerre. Une fraction sans cesse grandissante de la bourgeoisie allemande, avec Ă leur tĂȘte le gĂ©nĂ©ral Erich Ludendorff21, va alors aspirer Ă lâanĂ©antissement le plus rapide et le plus complet possible de la social-dĂ©mocratie et du Parti communiste, et Ă la crĂ©ation dâun mouvement ouvrier national ». Cette fraction va soutenir Adolf Hitler et son parti nazi dĂšs le dĂ©but. Reprenant lâantisĂ©mitisme du Alldeutscher Verband, Hitler voit dans cette forme de racisme un moyen puissant de diviser la classe ouvriĂšre allemande, de la dĂ©tourner du marxisme et de la nationaliser » pour servir les intĂ©rĂȘts des classes dominantes allemandes. Se faisant le porte-parole des forces allemandes les plus rĂ©actionnaires, Hitler avance que lâAllemagne doit Ă©difier en Europe orientale et en Russie un empire colonial de type continental. Le 27 janvier 1932, il prĂ©sente devant les industriels allemands ses desseins fondamentaux. Durant lâensemble du 19e siĂšcle, âles peuples blancsâ ont conquis une position dominante incontestĂ©e, au terme dâun processus qui avait commencĂ© par la conquĂȘte de lâAmĂ©rique et qui sâest dĂ©veloppĂ© sous le signe du âsentiment innĂ©, absolu, de la domination de la race blanche europĂ©enneâ. En mettant en question le systĂšme colonial et en provoquant ou en aggravant la âconfusion de la pensĂ©e blanche europĂ©enneâ, le bolchĂ©visme fait courir un danger mortel Ă la civilisation. Si lâon veut faire face Ă cette menace, il faut rĂ©affirmer la âconviction de la supĂ©rioritĂ© et donc du droit supĂ©rieur de la race blancheâ, il faut dĂ©fendre âla position dominante de la race blanche vis-Ă -vis du reste du monde22â ». Câest un vĂ©ritable programme de contre-rĂ©volution colonialiste et esclavagiste. Ce qui sâimpose selon Hitler, câest quâil ne faut pas hĂ©siter Ă lâexercice dâun droit des maĂźtres herrenrecht dâune brutalitĂ© extrĂȘme ». En juillet 1942, Hitler promulgue une directive pour la colonisation de lâUnion soviĂ©tique Les esclaves doivent travailler pour nous. Si nous nâen avons plus besoin, quâils meurent. » Câest ce systĂšme gĂ©nocidaire qui va ĂȘtre combattu par la rĂ©sistance antifasciste dans toute lâEurope, qui va ĂȘtre battu Ă Stalingrad, et qui ne cessera de reculer jusquâĂ ĂȘtre vaincu Ă Berlin. Si le nazisme reprĂ©sente la quintessence du racisme et du colonialisme, servant Ă combattre Ă la fois, lâennemi extĂ©rieur » les pays Ă coloniser et Ă diviser lâennemi intĂ©rieur » la classe des travailleurs, sa dĂ©faite est aussi une dĂ©faite majeure des formes les plus rĂ©actionnaires du racisme, grĂące Ă un front antifasciste au niveau international. Combiner plusieurs luttes des classes Le rapport de forces au niveau mondial a totalement Ă©tĂ© bouleversĂ© dans les trente annĂ©es qui ont suivi la DeuxiĂšme Guerre mondiale. La force de la rĂ©sistance antifasciste et la peur exercĂ©e par le communisme sur les classes dominantes, combinĂ©e Ă la forte croissance du mouvement social, a amenĂ© dans les pays europĂ©ens un dĂ©veloppement sans prĂ©cĂ©dent de la sĂ©curitĂ© sociale et des hausses du niveau de vie. Ce changement de rapport de forces a aussi menĂ© Ă un puissant mouvement de dĂ©colonisation des peuples du tiers monde et Ă lâisolement croissant des tenants du racisme biologique » au niveau mondial. Fini la pĂ©riode oĂč âles peuples blancsâ ont conquis une position dominante incontestĂ©e » comme lâaffirmait Hitler. La Chine moderne naĂźt en 1949 et reprend le cours de son destin aprĂšs un siĂšcle de domination coloniale. Ho Chi Minh et le Vietnam dĂ©font la France Ă Dien Bien Phu 1954, puis les Ătats-Unis aprĂšs lâoffensive du TĂȘt 1968. Le nationalisme arabe, celui du FLN en AlgĂ©rie et de lâEgypte de Nasser, est fortement influencĂ© par les courants marxistes. Le mouvement antiraciste se dĂ©veloppe dans le monde entier, en particulier aux Ătats-Unis avec le mouvement des droits civiques dont la branche radicale de Malcolm X aux Black Panthers se rapproche du marxisme. Le dernier empire colonial, le portugais, tombe Ă partir de 1974, avec la dĂ©route dans ses colonies dâAngola et du Mozambique. Le rĂ©gime raciste dâapartheid finit aussi par tomber en 1990, sous la pression conjuguĂ©e de la rĂ©sistance de lâANC dont une des composantes majeures est le Parti communiste sud-africain et de la dĂ©faite des forces sud-africaines en Angola, avec le soutien de lâarmĂ©e cubaine de Fidel Castro23. Lâantiracisme et lâanticolonialisme ont pu faire des progrĂšs majeurs grĂące Ă la combinaison des luttes des classes dans les luttes anti-impĂ©rialistes et anticapitalistes, et grĂące aux combats communs prĂŽnant lâunitĂ© des travailleurs. Le racisme et le nĂ©ocolonialisme ont pu, a contrario, se propager chaque fois que les classes dominantes ont divisĂ© la classe ouvriĂšre sur base de prĂ©jugĂ©s nationaux et racistes, ont opposĂ© les travailleurs du Nord aux peuples opprimĂ©es du Sud, ont rĂ©ussi Ă imposer le chauvinisme dans le mouvement ouvrier et Ă dĂ©tacher entre elles les diffĂ©rentes formes de luttes de classes. Face Ă la contre-offensive nĂ©olibĂ©rale lancĂ©e il y a trente ans, ce nâest pas sâĂ©carter mais retourner Ă Marx, Ă son internationalisme et Ă sa thĂ©orie des luttes de classes qui nous semble ĂȘtre indispensable comme source dâinspiration pour combiner avec succĂšs lutte contre le racisme et lutte contre le capitalisme. Voir deuxiĂšme partie La gauche authentique face au nĂ©o-racisme et nĂ©o-colonialisme au 21e siĂšcle », David Pestieau, Lava. FootnotesDomenico Losurdo, La lutte des classes. Une histoire politique et philosophique, 2016, Editions DelgaAinsi, la hiĂ©rarchisation des luttes de classes, leur nature et les alliances de classe ont Ă©tĂ© diffĂ©rentes dans lutte contre lâoccupant nazi pendant la seconde guerre mondiale et dans le cadre de lâ Marx, Le Capital, Lâaccumulation primitive, 6 la genĂšse du capitaliste Marx, New York Daily Tribune, 5 juin 1857LĂ©nine, Que faire ? , III politique trade-unioniste et politique social-dĂ©mocrate, les rĂ©vĂ©lations politiques et âlâĂ©ducation de lâactivitĂ© rĂ©volutionnaireâ »LĂ©nine, La rĂ©volution socialiste et le droit des nations Ă disposer dâelles-mĂȘmes, 1916Karl Marx, Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte, 1851Karl Marx, La question juive, 1843Robin Blacburn, The Making of New World Slavery, 1492-1800, Verso, Londres-New-York, 1997, p3Lettre de Marx Ă Lincoln, paru dans Der Social-Demokrat, 30 dĂ©cembre Meiksins Wood, Capitalism and human emancipation », New Left Review, I/167, janvier-fĂ©vrier 1988, traduit par nous NdlR.Lettre de Marx Ă Siegfried Mayer et August Vogt Ă New York, le 9 avril Pestieau, Interview Mary Gabriel. Amour et capital, hier et aujourdâhui », Revue Lava, dĂ©cembre 2017 Renan, Oeuvres complĂštes, p12, Calmann-LĂ©vy, 1947Lettre dâEngels Ă Kautsky, 12 septembre 1882Sozialistiche Monatshefte, Bernstein, 1900, p559CitĂ© dans La SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale 1822-1992, Jo Cottenier, Patrick De Boosere, Thomas Gounet, p 109, EPO, 1992Ibidem, p 70Reinhard Opitz. Faschismus und Neofaschismus. Band I. 1984. Pahl Rugenstein VerlagAlldeutsch signifie quâĂ leurs yeux, lâAllemagne comprend tous les Allemands, pas seulement ceux qui se trouvent au sein des frontiĂšres de lâempire mais aussi en Autriche-Hongrie et dans dâautres pays de lâEurope de lâEstConsidĂ©rĂ© par les nationalistes allemands comme le plus grand stratĂšge de la PremiĂšre Guerre mondialeCitĂ© dans Losurdo, PP XXFidel Castro dira un jour pour expliquer la solidaritĂ© cubaine en Afrique Le sang de lâAfrique coule profondĂ©ment dans nos veines. » rappelant lâorigine africaine de nombreux habitants de lâĂźle des CaraĂŻbes
Lalutte des classes. par Karl Marx. Marx et la conception matérialiste de l'Histoire: les modes de production . Marx écrit : "Dans la pratique sociale de leur vie, les hommes entrent en rapports déterminés, nécessaires, indépendants de leur volonté, rapports de production qui correspondent à un certain degré de développement de leurs forces productives matérielles. L'ensemble de
La lutte des classes est une pureinvention de Marx. »La lutte des classes, on nâen veut plus !B. Kouchner, Ă©mission Le forum europĂ©en, ARTE,17 dĂ©cembre 2005Marx a-t-il inventĂ© la lutte des classes ? Il sembleraitque oui, si lâon en croit la rumeur qui voudrait quenous soyons dans des sociĂ©tĂ©s apaisĂ©es, oĂč le consensusrĂšgne sur le principe de lâĂ©conomie de marchĂ©, et oĂč leseul changement crĂ©dible paraĂźt ĂȘtre celui qui fait alternerdes majoritĂ©s successives qui ne se diffĂ©rencientquâĂ la marge et sont dâaccord sur lâessentiel, la prĂ©servationde la propriĂ©tĂ© privĂ©e des moyens de voit-on pas le taux de syndicalisation diminuer unpeu partout en Occident, les partis rĂ©formistes devenirhĂ©gĂ©moniques et les partis communistes subsistantsĂȘtre tentĂ©s par la social-dĂ©mocratie, comme si le thĂšmede la lutte des classes et de la nĂ©cessitĂ© dâune issue rĂ©volutionnaireĂ celle-ci Ă©tait dĂ©passĂ© ? Cette rumeur sembledonner raison Ă ceux qui voient dans le concept de classe » une construction intellectuelle artificielle,motivĂ©e par lâidĂ©ologie et sans rĂ©pondant vĂ©ritable dansla rĂ©alitĂ© socio-historique. Câest le cas du courant depensĂ©e sociologique partisan de lâindividualismemĂ©thodologique », pour lequel lâindividu constituelâatome de base de la sociĂ©tĂ©, et qui comprend lâensemblede la rĂ©alitĂ© sociale en partant des interactions entre lesagents individuels. La meilleure illustration nous en estfournie par la pensĂ©e de F. Hayek, en particulier dansDroit, lĂ©gislation et libertĂ© 1978, largement consacrĂ© Ă 1
Jeuneet trĂšs actuel, Marx lâest en raison de sa grille de lecture de classes ! Face aux rĂ©ponses austĂ©ritaires et inĂ©galitaires des pouvoirs politiques et aux semeurs de divisions et de guerre, lâĂ©conomiste des crises, lâhistorien de la lutte des classes et le philosophe de lâĂ©mancipation humaine revient totalement rajeuni dans les dĂ©bats qui agitent la vie politique
Cette annĂ©e marque le 200Ăšme anniversaire de la naissance de Karl Marx, dans la petite ville de Trier, en Allemagne, le 5 mai 1818. Lâoccasion est idĂ©ale pour se pencher sur ses idĂ©es et sur lâhĂ©ritage prĂ©cieux que nous a lĂ©guĂ© sa pensĂ©e rĂ©volutionnaire. AprĂšs 200 ans, les idĂ©es de Marx sont toujours dâactualitĂ©. Ă lâheure de la mondialisation, des inĂ©galitĂ©s grandissantes et de la catastrophe Ă©cologique, lâappel de Marx Ă renverser le capitalisme est plus urgent que jamais. De nombreux journaux bourgeois ont dâailleurs marquĂ© cet anniversaire avec des articles sur Marx. Par exemple, le magazine Foreign Affairs expliquait dans un rĂ©cent article que le marxisme, loin dâĂȘtre dĂ©passĂ©, est crucial pour comprendre le monde dâaujourdâhui. » MĂȘme le Journal de MontrĂ©al a Ă©crit cette annĂ©e que devant une AmĂ©rique de plus en plus dominĂ©e par des milliardaires sans scrupule, les chants du communisme risquent de redevenir trĂšs attrayants ». Ăgalement, les jeunes sâintĂ©ressent de plus en plus au socialisme alors quâils constatent les nombreuses injustices qui rĂšgnent dans le monde. La rĂ©alitĂ© est que, face Ă la crise du capitalisme que nous vivons aujourdâhui, mĂȘme la presse capitaliste nâa dâautre choix que de reconnaĂźtre que Marx avait raison. Ăvidemment, les dĂ©fenseurs du capitalisme, devant la montĂ©e en popularitĂ© des idĂ©es de Marx, ne peuvent sâempĂȘcher de les dĂ©naturer, les drainant de tout leur contenu rĂ©volutionnaire. RĂ©tablissons les faits. Les idĂ©es de Karl Marx Lâhistoire de toute sociĂ©tĂ© jusquâĂ nos jours nâa Ă©tĂ© que lâhistoire de luttes de classes. » Ainsi sâentame le premier chapitre du Manifeste du Parti communiste, rĂ©digĂ© en 1848 par Marx et son grand complice Friedrich Engels. VoilĂ probablement lâidĂ©e la mieux connue, et lâune des plus importantes du marxisme. Le monde est ainsi divisĂ© entre ceux qui possĂšdent, et ceux qui nâont rien; aujourdâhui, entre la classe capitaliste, qui possĂšde les usines, les terres, les sources dâĂ©nergie, les grands mĂ©dias, etc., et la classe des travailleurs, ceux qui doivent se trouver un emploi pour survivre. Marx avait correctement analysĂ© que la richesse de cette classe capitaliste, la bourgeoisie, provient directement de lâexploitation des travailleurs. Il Ă©crit dans le Capital que lâaccumulation de richesse Ă un pĂŽle signifie donc en mĂȘme temps Ă lâautre pĂŽle une accumulation de misĂšre, de torture Ă la tĂąche, dâesclavage, dâignorance, de brutalitĂ© et de dĂ©gradation morale pour la classe dont le produit propre est, dâemblĂ©e, capital. » Cette phrase est une description presque parfaite du capitalisme aujourdâhui. Les inĂ©galitĂ©s de richesse ne cessent de croĂźtre depuis des dĂ©cennies, mĂȘme au QuĂ©bec alors que, depuis le dĂ©but des annĂ©es 80, le revenu du 1 % le plus riche a doublĂ©, le revenu des 99 % restants nâa progressĂ© que de 6 %. Dans lâensemble du Canada, le portrait nâest guĂšre mieux les deux hommes les plus riches possĂšdent plus de richesses que les 11 millions les plus pauvres, et presque la moitiĂ© des Canadiens vit dâun chĂšque de paye Ă lâautre! La rĂ©alitĂ© de notre Ă©poque nous confirme que Marx avait raison de dire que les inĂ©galitĂ©s sont inĂ©vitables sous le capitalisme. Une autre des idĂ©es importantes de Marx est que le mode de production capitaliste est orientĂ© avant tout vers lâaccumulation de profit, et ce, au dĂ©triment des besoins rĂ©els des gens. Les marchandises, câest-Ă -dire les biens et services, ne sont pas produites dans le but dâĂȘtre utilisĂ©es, mais uniquement dans le but dâĂȘtre vendues. Les capitalistes ne produisent jamais afin de combler des besoins, mais afin de rĂ©aliser des profits. Cette production pour le profit eut initialement des consĂ©quences progressistes aux dĂ©buts du capitalisme. Le monde vivait alors une Ă©poque rĂ©volutionnaire et les innovations sâenchaĂźnaient les unes aprĂšs les autres. Cependant, aujourdâhui, le mode de production capitaliste lui-mĂȘme se pose comme un obstacle Ă lâinnovation. Les grands monopoles qui dominent lâĂ©conomie prĂ©fĂšrent spĂ©culer sur les marchĂ©s financiers et engranger des profits immĂ©diats et rapides plutĂŽt que dâinvestir dans la recherche et le dĂ©veloppement. Le gĂ©ant pharmaceutique Pfizer a bien illustrĂ© ce fait en janvier dernier lorsquâil a cessĂ© les recherches pour un remĂšde au Parkinson et Ă lâAlzheimer, sous prĂ©texte que ce ne serait pas suffisamment profitable. Il sâagit dâun exemple abject de comment les profits priment sur les besoins humains. Mais lâun des plus grands mĂ©rites de Marx a Ă©tĂ© dâexpliquer lâorigine du profit. Les capitalistes, en donnant un salaire aux travailleurs, achĂštent leur force de travail », soit leur capacitĂ© Ă travailler. Les travailleurs reçoivent nĂ©cessairement un salaire infĂ©rieur Ă la valeur de ce quâils produisent, sans quoi aucun profit ne serait rĂ©alisĂ©. Les capitalistes ont intĂ©rĂȘt Ă payer leurs travailleurs le moins possible afin de soutirer le plus grand profit possible. La thĂ©orie de la valeur-travail de Marx dĂ©montre quâen derniĂšre analyse, câest le travail impayĂ© des ouvriers qui constitue le profit des capitalistes. Mais cela signifie que la classe ouvriĂšre nâa pas la capacitĂ© de racheter collectivement tout ce quâelle produit, et cette contradiction mĂšne pĂ©riodiquement Ă des crises de surproduction â environ tous les 10 ans, comme lâexpliquait Marx. Depuis Marx, les Ă©conomistes bourgeois essayent dâignorer cette contradiction fondamentale, et se rassurent en constatant que nous sommes en reprise Ă©conomique Ă lâheure actuelle. Mais force leur est dâadmettre quâil y a un problĂšme. Les grandes entreprises sont assises sur des milliers de milliards de dollars dâargent quâelles refusent dâinvestir, un Ă©tat de fait sans prĂ©cĂ©dent dans lâhistoire Ă©conomique » selon le New York Times. Pourquoi nâinvestissent-elles pas cet argent? Ultimement parce que les marchĂ©s sont dĂ©jĂ saturĂ©s. La surproduction ce que les Ă©conomistes bourgeois appellent la surcapacitĂ© » explique que les investissements, nĂ©cessaires sous le capitalisme, sont Ă des niveaux historiquement bas. Pourquoi les entreprises investiraient-elles si les travailleurs ne peuvent dĂ©jĂ pas racheter tout ce qui est produit? La reprise actuelle est lâune des plus faibles de lâhistoire du systĂšme. Les dettes publiques et privĂ©es atteignent des niveaux astronomiques partout dans le monde. LâĂ©conomie mondiale marche tel un funambule sur un fil de fer toujours plus tremblotant. Mais cela nâa rien dâune aberration en fait, il sâagit de lâĂ©tat naturel du capitalisme, ce systĂšme complĂštement irrationnel et chaotique que Marx a si bien dĂ©crit en son temps. Ce fait est admis par nul autre que le gouverneur de la Bank of England, qui affirmait plus tĂŽt cette annĂ©e que si vous substituez les plateformes aux usines de textile, lâapprentissage automatique aux machines Ă vapeur, Twitter au tĂ©lĂ©graphe, vous avez exactement les mĂȘmes dynamiques qui existaient il y a 150 ans, lorsque Karl Marx gribouillait le Manifeste communiste. » La science du changement La philosophie du marxisme est une philosophie du changement. Marx expliquait que le systĂšme capitaliste, comme les autres systĂšmes Ă©conomiques avant lui, nâa pas existĂ© de toute Ă©ternitĂ©, mais quâil a eu un dĂ©but et quâil aura aussi une fin â si nous nous organisons pour le renverser. LâidĂ©e du changement semble gĂ©nĂ©ralement acceptĂ©e aujourdâhui. Pourtant, lâidĂ©e que le capitalisme existera toujours » est encore vĂ©hiculĂ©e aujourdâhui. De mĂȘme, qui nâa jamais entendu le fameux argument selon lequel le socialisme est impossible Ă atteindre Ă cause de la nature humaine » Ă©goĂŻste? Selon cet argument, tous les humains seraient, depuis toujours et pour toujours, des ĂȘtres purement Ă©goĂŻstes. Les choses Ă©voluent, la sociĂ©tĂ© se dĂ©veloppe, mais la nature humaine demeurerait Ă©ternellement la mĂȘme! Mais Marx affirmait au contraire que la façon dâagir des gens et leurs idĂ©es sont en rĂ©alitĂ© conditionnĂ©es par la sociĂ©tĂ© et lâĂ©poque dans laquelle ils vivent. Tout comme le capitalisme nâest pas Ă©ternel, il nây a pas plus de nature humaine invariable. Pendant la majeure partie de lâhistoire de lâhumanitĂ©, avant les premiĂšres sociĂ©tĂ©s esclavagistes, il nây avait pas dâĂtat ni de classes sociales et la domination institutionnalisĂ©e des hommes sur les femmes nâexistait pas encore. La sociĂ©tĂ© Ă©tait organisĂ©e selon le communisme primitif » et les ĂȘtres humains vivaient dans la coopĂ©ration. Telle Ă©tait la nature humaine » Ă lâĂ©poque. Aujourdâhui, le capitalisme forme un terreau fertile pour les idĂ©es et comportement Ă©goĂŻstes et rĂ©trogrades. Comment pourrait-il en ĂȘtre autrement? Le capitalisme nous monte les uns contre les autres, appauvrit systĂ©matiquement une majoritĂ© de la population et nous force Ă nous mettre en compĂ©tition pour les miettes quâil nous donne. Ce systĂšme irrationnel envoie des gens Ă la rue, maintient ceux qui travaillent dans des conditions difficiles, et sâappuie sur toutes les idĂ©es rĂ©actionnaires afin de nous maintenir divisĂ©s. Les problĂšmes sociaux tels que le racisme, le sexisme ou la prolifĂ©ration des troubles de santĂ© mentale ne sortent pas de nulle part ils sâappuient sur une base matĂ©rielle, soit la misĂšre et la pĂ©nurie qui sont propres au capitalisme. Marx Ă©crivait que ce nâest pas la conscience des hommes qui dĂ©termine leur ĂȘtre; câest inversement leur ĂȘtre social qui dĂ©termine leur conscience. » Cette thĂšse rĂ©volutionnaire nous permet de rĂ©aliser que la seule façon de se dĂ©barrasser une bonne fois pour toutes de ces problĂšmes est de transformer la sociĂ©tĂ©, afin de les dĂ©raciner comme on le ferait Ă une mauvaise herbe. Mais Marx expliquait Ă©galement que le changement dans lâhistoire et la nature nâest pas graduel et linĂ©aire. Au contraire, la vision marxiste explique que lâhistoire avance en traversant tantĂŽt de longues pĂ©riodes de stagnation, tantĂŽt des Ă©ruptions rĂ©volutionnaires qui transforment radicalement la sociĂ©tĂ©. En fait, Marx disait que les rĂ©volutions sont les locomotives de lâhistoire ». Le capitalisme nâest pas apparu en se dĂ©veloppant de maniĂšre simplement graduelle. Il a fallu plusieurs rĂ©volutions pour que le systĂšme capitaliste puisse sâinstaurer, notamment la RĂ©volution amĂ©ricaine de 1776 et la RĂ©volution française de 1789. De mĂȘme, nous ne pouvons pas graduellement rĂ©former le capitalisme et espĂ©rer quâun jour, nous nous rĂ©veillerons et la classe dominante aura laissĂ© sa place. Il faut une rupture radicale, une rĂ©volution par laquelle la classe ouvriĂšre enlĂšvera Ă la classe capitaliste son contrĂŽle de lâĂ©conomie et Ă©tablira une sociĂ©tĂ© socialiste. De la thĂ©orie Ă la pratique Alors que nous entendons parler de plus en plus des idĂ©es de Marx dans les universitĂ©s, les journaux et mĂȘme la culture internet, un fait demeure peu abordĂ© Karl Marx nâĂ©tait pas simplement un intellectuel, content dâĂ©laborer ses thĂ©ories sur le monde depuis le confort de son salon. En fait, il a su allier la thĂ©orie rĂ©volutionnaire Ă la pratique. Il Ă©tait clair pour Marx que la seule solution aux inĂ©galitĂ©s et aux injustices du capitalisme Ă©tait de sâorganiser pour renverser ce systĂšme. Marx a passĂ© une grande partie de sa vie Ă lutter pour les idĂ©es socialistes dans le mouvement ouvrier. De 1847 Ă 1852, il Ă©tait membre de la Ligue des communistes. Câest Ă ce moment quâil a publiĂ© son dĂ©sormais cĂ©lĂšbre Manifeste. Puis, de 1864 Ă 1876, il a participĂ© Ă lâAssociation internationale des travailleurs, couramment appelĂ©e la PremiĂšre internationale. Une des phrases de Marx parmi les plus cĂ©lĂšbres rĂ©sume bien sa pensĂ©e Les philosophes nâont fait quâinterprĂ©ter le monde de diverses maniĂšres, mais ce qui importe, câest de le transformer. » Plus quâune simple thĂ©orie, le marxisme est un guide pour lâaction, qui doit inspirer et Ă©clairer la lutte pour un monde meilleur. Marx a Ă©crit que lâĂ©mancipation de la classe ouvriĂšre doit ĂȘtre lâĆuvre des travailleurs eux-mĂȘmes. » Cependant, ce nâest pas un processus automatique. La classe ouvriĂšre nâapprend pas automatiquement, dâun seul coup, la nĂ©cessitĂ© de lutter pour le socialisme. Il nây a pas de recette magique il faut que les militants qui ont dĂ©jĂ atteint cette conclusion se rĂ©unissent au sein dâune organisation commune, et se mettent Ă la tĂąche dâexpliquer patiemment et de convaincre les autres de la nĂ©cessitĂ© du renversement du capitalisme et de lâĂ©tablissement dâune sociĂ©tĂ© socialiste. Câest ce que nous construisons Ă La Riposte socialiste. ArmĂ©s des idĂ©es du marxisme et de notre dĂ©termination, nous savons que lâhistoire est de notre cĂŽtĂ©. Nous appelons tous ceux et celles qui veulent mener cette lutte Ă se joindre Ă nous!
Marx la recette de la lutte des classes. Ă table avec le chef Marx ! ConsidĂ©rĂ© aujourdâhui comme une Ă©vidence, le capitalisme nâa, de fait, pas toujours existĂ© ARTE prĂ©sente une magistrale sĂ©rie documentaire, tournĂ©e dans vingt-deux pays, qui offre des clefs de comprĂ©hension du systĂšme capitaliste. Dans la mĂȘme collection: La prĂ©histoire du capitalisme;
Des Ă©crits engagĂ©s de lâintellectuelle belge Chantal Mouffe sur les revendications de la classe ouvriĂšre incarnĂ©es par les gilets jaunes aux articulations artistiques inspirĂ©es du Capital, la pensĂ©e de Karl Marx est plus que jamais convoquĂ©e pour comprendre notre Ă©poque, riche en bouleversements, oĂč les questions de privilĂšges et de lutte des classes tiennent le haut du pavĂ©. Au mĂȘme moment, le spectre du totalitarisme de certains rĂ©gimes dictatoriaux a cessĂ© de hanter les corridors des universitĂ©s du monde occidental. Enfin, du moins dans le monde des humanitĂ©s. Pour bien des nouveaux lecteurs de Marx, lâampleur des inĂ©galitĂ©s sociales créées par le capitalisme est plus brutale que le souvenir du Rideau de fer. Pourquoi lire Marx aujourdâhui ? Aux yeux de bien des gens de ma gĂ©nĂ©ration, le capitalisme est porteur dâune violence extrĂȘme. Ă mon avis, les mouvements qui sont nĂ©s aprĂšs la crise financiĂšre de 2008, dans lâesprit dâOccupy, ont fait naĂźtre une nouvelle conscience. Nous, on arrive Ă lâĂąge adulte en voyant Ă quel point le systĂšme est fondĂ© sur lâexploitation, lâexpropriation. Nous constatons la dĂ©gradation de lâenvironnement, lâaccumulation des uns par la dĂ©possession des autres, comment des gens sâenrichissent aux dĂ©pens des autres », dĂ©clare Fifi G., chercheuse universitaire qui sâintĂ©resse Ă lâexpropriation des terres en Ăthiopie. Pour cette jeune Torontoise, qui sâest mĂȘme fait imprimer une affiche de Marx quâelle a apposĂ©e Ă un mur de sa chambre, certaines idĂ©es propres au marxisme proposent des solutions intĂ©ressantes pour envisager lâavenir autrement que dans une perspective de nĂ©olibĂ©ralisme autoritaire. Je mâintĂ©resse aussi au fĂ©minisme marxiste, pour aborder le rĂŽle et la valeur du travail des femmes. Les dĂ©bats autour de Marx sont encore valides aujourdâhui. Câest inspirant. » Revu et rĂ©interprĂ©tĂ© pour envisager les modes de production, dans un monde de gĂ©ants technologiques comme Facebook ou Amazon, Marx semble plus que jamais dâactualitĂ©, avec lâidĂ©e de tension entre le prolĂ©tariat et la bourgeoisie, et une nouvelle attention sur la construction des privilĂšges. On pense aux gilets jaunes, bien sĂ»r, mais aussi aux Ă©tudiants de lâUQAM qui manifestent pour la rĂ©munĂ©ration des stages. Ăgalement, dans un monde oĂč lâhumain est inondĂ© dâobjets fabriquĂ©s sur des chaĂźnes de montage en Chine ou au Vietnam, les concepts de Marx sur le travail et le fĂ©tichisme de la marchandise nous rappellent que, derriĂšre une chandelle du Dollarama, un post » sur Instagram ou un foulard de soie Burberry, il y a avant tout du labeur humain. Pour une pensĂ©e de la crise Dans la foulĂ©e du bicentenaire de lâanniversaire du grand penseur du capitalisme, le film Le jeune Karl Marx a permis aux cinĂ©philes de renouer avec celui qui a inspirĂ© les rĂ©volutions socialistes du XXe siĂšcle. Le Manifeste du parti communiste classĂ© au patrimoine mondial de lâUNESCO, avec quelque 500 millions dâexemplaires Ă©coulĂ©s, se place mĂȘme au quatriĂšme rang des livres les plus vendus de tous les temps. La pensĂ©e de la crise inspirĂ©e de Marx a percolĂ© dans le monde des arts, au musĂ©e comme au théùtre, et sâest incarnĂ©e cet automne dans Chapitres de la chute au QuatâSous sur la dĂ©bĂącle financiĂšre de 2008, dans le documentaire The Price of Everything, portant sur le marchĂ© de lâart contemporain, dans lâoeuvre Manifesto avec Cate Blanchett prĂ©sentĂ©e au MusĂ©e dâart contemporain qui dĂ©marre avec le Manifeste du parti communiste, ainsi que dans la piĂšce Extramoyen Ă Espace libre, sur le sort de la classe moyenne. Le vocabulaire de Marx est trĂšs intĂ©grĂ© dans le narratif acadĂ©mique. Plusieurs vont dire quâil nây a pas de retour de Marx, Ă proprement parler, parce quâen rĂ©alitĂ©, il nâest jamais parti ! » estime Julien Lefort-Favreau, chercheur en Ă©tudes françaises Ă lâUniversitĂ© Queenâs. Le vocabulaire de Marx est trĂšs intĂ©grĂ© dans le narratif acadĂ©mique. Plusieurs vont dire quâil nây a pas de retour de Marx, Ă proprement parler, parce quâen rĂ©alitĂ©, il nâest jamais parti ! Dans les humanitĂ©s, revenir Ă Marx est une maniĂšre de rĂ©intĂ©grer dans la rĂ©flexion sur lâart et les sciences sociales la question de la domination par les modes de production. â Julien Lefort-Favreau Je ne sais pas si câest la crise qui provoque le retour Ă Marx ou bien si câest Marx qui nous permet de penser la crise. Reste que, dans les humanitĂ©s, revenir Ă Marx est une maniĂšre de rĂ©intĂ©grer dans la rĂ©flexion sur lâart et les sciences sociales la question de la domination par les modes de production », indique celui qui parle dâune pensĂ©e marxiste dĂ©centralisĂ©e ». Une attention aux Ă©critures et aux reprĂ©sentations du monde du travail et de lâusage de la langue de lâunivers managĂ©rial cristallise ce retour Ă la pensĂ©e de Marx sur le labeur et ses tensions. Cela est prĂ©sent aussi dans le milieu de lâhistoire de lâart, oĂč la critique dâart est en train de se dĂ©placer, sâintĂ©ressant dĂ©sormais moins aux objets dâart quâaux institutions », poursuit Julien Lefort-Favreau. Quand Marx sâinvite chez Trump Aux Ătats-Unis, oĂč lâon assiste Ă une marchandisation de lâĂ©ducation qui est affolante, les intellectuels dâallĂ©geance marxiste se font assurĂ©ment entendre », affirme Julien Lefort-Favreau. En avril dernier, le journal Le Monde rapportait que lâorganisation amĂ©ricaine Democratic Socialists of America DSA avait vu ses effectifs multipliĂ©s par quatre, ces derniĂšres annĂ©es, dĂ©passant les 32 000 adhĂ©rents. Fait peu banal, dans le pays du maccarthysme et de lâanticommunisme, de jeunes militants â lâĂąge mĂ©dian de la DSA est passĂ© de 68 ans en 2013 Ă 33 actuellement â sâaffichent fiĂšrement marxistes. Pour sâinitier Ă la pensĂ©e de Marx actualisĂ©e sans avoir Ă se taper les trois volumes de 800 pages du Capital, on peut notamment visionner des clips YouTube oĂč la thĂ©oricienne en Ă©conomie politique Jodi Dean parle des limites du Web Ă lâĂšre du capitalisme communicatif. Sur le site Open Culture, le gĂ©ographe David Harvey professeur de deuxiĂšme cycle dâanthropologie et de gĂ©ographie Ă la City University of New York dispense quant Ă lui un cours gratuit sur les volumes I et II du Capital. Dans le Manifeste du parti communiste, celui qui aurait eu 200 ans cette annĂ©e parle de la rĂ©volution qui sera forcĂ©ment prise en charge par le prolĂ©tariat, de ces travailleurs qui nâont pas accĂšs aux marchandises qui enrichissent les bourgeois Ă la sueur de leurs fronts. Les revendications des 99 % dâOccupy ou des gilets jaunes nous rappellent que la lutte des classes est peut-ĂȘtre, finalement, un perpĂ©tuel recommencement. Karl Marx en quelques dates 5 mai 1818 Marx naĂźt dans le Royaume de Prusse. Octobre 1842 Le journal Rheinische Zeitung, oĂč Marx critique les pouvoirs ultramondains et dĂ©fend la libertĂ© de presse, est interdit de publication. Novembre 1848 Marx rĂ©dige le Manifeste du Parti communiste. 1867 RĂ©daction du premier tome du Capital. 1875 Sa santĂ© dĂ©clinant, Marx laissera Ă son ami Friedrich Engels le soin de colliger ses notes et Ă©crits pour achever les deux derniers tomes du Capital. 14 mars 1883 Mort de Karl Marx Ă Londres. Il repose au cimetiĂšre de Highgate. Ă voir en vidĂ©o
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ARTE/ CAPITALISME : Episode 4 : "Marx : la recette de la lutte des classes" from Patricia Lucas on Vimeo. A mesure que grandit la bourgeoisie, c'est-Ă -dire le capital, se dĂ©veloppe aussi le prolĂ©tariat, la classe des ouvriers modernes qui ne vivent qu'Ă la condition de trouver du travail et qui nâen trouvent que si leur travail accroĂźt le capital.
Citation La lutte des classes DĂ©couvrez une citation La lutte des classes - un dicton, une parole, un bon mot, un proverbe, une citation ou phrase La lutte des classes issus de livres, discours ou entretiens. Une SĂ©lection de 10 citations et proverbes sur le thĂšme La lutte des classes. 10 citations > Citation de Robert Linhart n° 170356 - Ajouter Ă mon carnet de citations Notez cette citation - Note moyenne sur 470 votesIl est vrai que le confinement nâest pas le mĂȘme pour tout le monde. MĂȘme en cas de crise sanitaire, la lutte des classes a de beaux restes. Certes, Ă la morgue, tout le monde se ressemble, et ce virus semble apprĂ©cier particuliĂšrement ces classes supĂ©rieures mondialisĂ©es qui partagent leurs postillons dans les aĂ©roports. LĂ©ger sentiment de revanche chez tous les autres, en attendant dâĂȘtre contaminĂ©s Ă leur tour. Mais Ă prĂ©sent que chacun se retrouve face Ă lui-mĂȘme, et face Ă son intĂ©rieur, il faut avouer que la sĂ©lection sociale reprend ses confinez-vous avec grĂące, bande dâincultes, Marianne, 20 mars 2020 de Natacha PolonyRĂ©fĂ©rences de Natacha Polony - Biographie de Natacha PolonyPlus sur cette citation >> Citation de Natacha Polony n° 168152 - Ajouter Ă mon carnet de citations Notez cette citation - Note moyenne 1/5 sur 2 votesLe racisme est dâune bĂȘtise crasse, gronde Lalla en direction de sa compagne. Ne me dit pas que ça te surprend. Il est la forme avilie et dĂ©gradĂ©e de la lutte des classes, il est l'impasse idiote de la rĂ©volte. L'Art de perdre 2017 de Alice ZeniterRĂ©fĂ©rences de Alice Zeniter - Biographie de Alice ZeniterPlus sur cette citation >> Citation de Alice Zeniter n° 166751 - Ajouter Ă mon carnet de citations Notez cette citation - Note moyenne sur 466 votesDans l'espace immatĂ©riel de l'analyse logique abstraite, on peut prouver avec la mĂȘme rigueur aussi bien l'impossibilitĂ© absolue, la dĂ©faite certaine de la grĂšve de masse, que sa possibilitĂ© absolue et sa victoire assurĂ©e. Aussi la valeur de la dĂ©monstration est-elle dans les deux cas la mĂȘme, je veux dire nulle. C'est pourquoi craindre la propagande pour la grĂšve de masse, prĂ©tendre excommunier formellement les coupables de ce crime, c'est ĂȘtre victime d'un malentendu absurde. Il est tout aussi impossible de "propager" la grĂšve de masse comme moyen abstrait de lutte qu'il est impossible de "propager" la rĂ©volution. La "rĂ©volution" et la "grĂšve de masse" sont des concepts qui ne sont eux-mĂȘmes que la forme extĂ©rieure de la lutte des classes et ils n'ont de sens et de contenu que par rapport Ă des situations politiques bien I 1906, Rosa Luxemburg trad. IrĂšne Petit, Ă©d. Maspero, coll. petite collection Maspero », 1969 ISBN 2-7071-0264-4, partie GrĂšve de masse, parti et syndicats, chap. 2., p. 100 de Rosa LuxemburgRĂ©fĂ©rences de Rosa Luxemburg - Biographie de Rosa LuxemburgPlus sur cette citation >> Citation de Rosa Luxemburg n° 162992 - Ajouter Ă mon carnet de citations Notez cette citation - Note moyenne sur 470 votesTant que, dans chaque nation, une classe restreinte d'hommes possĂ©dera les grands moyens de production et d'Ă©change, tant qu'elle possĂ©dera ainsi et gouvernera les autres hommes, tant que cette classe pourra imposer aux sociĂ©tĂ©s qu'elle domine sa propre loi, qui est la concurrence illimitĂ©e, la lutte incessante pour la vie, le combat quotidien pour la fortune et pour le pouvoir ; tant que cette classe privilĂ©giĂ©e, pour se prĂ©server contre tous les sursauts possibles de la masse, s'appuiera ou sur les grandes dynasties militaires ou sur certaines armĂ©es de mĂ©tier des rĂ©publiques oligarchiques ; tant que le cĂ©sarisme pourra profiter de cette rivalitĂ© profonde des classes pour les duper et les dominer l'une par l'autre, Ă©crasant au moyen du peuple aigri les libertĂ©s parlementaires de la bourgeoisie, Ă©crasant ensuite, au moyen de la bourgeoisie gorgĂ©e d'affaires, le rĂ©veil rĂ©publicain du peuple ; tant que cela sera, toujours cette guerre politique, Ă©conomique et sociale des classes entre elles, des individus entre eux, dans chaque nation, suscitera les guerres armĂ©es entre les peuples. C'est de la division profonde des classes et des intĂ©rĂȘts dans chaque pays que sortent les conflits entre les nations. Discours prononcĂ© Ă la chambre des dĂ©putĂ©s de l'AssemblĂ©e nationale le 7 mars 1895, de Jean JaurĂšsRĂ©fĂ©rences de Jean JaurĂšs - Biographie de Jean JaurĂšsPlus sur cette citation >> Citation de Jean JaurĂšs n° 159567 - Ajouter Ă mon carnet de citations Notez cette citation - Note moyenne sur 471 votesIl est vrai que la lutte des classes n'est pas une invention de Karl Marx c'est le rĂ©sultat d'une lente maturation de l'esprit humain au cours de laquelle se fait jour la diffĂ©rence des niveaux sociaux, culturels et de la nuit 1999 de Valeri AfanassievRĂ©fĂ©rences de Valeri Afanassiev - Biographie de Valeri AfanassievPlus sur cette citation >> Citation de Valeri Afanassiev n° 125891 - Ajouter Ă mon carnet de citations Notez cette citation - Note moyenne sur 467 votesL'histoire de toute sociĂ©tĂ© jusqu'Ă nos jours n'a Ă©tĂ© que l'histoire de la lutte des du parti communiste 1848 de Karl & Engels, Friedrich MarxRĂ©fĂ©rences de Karl & Engels, Friedrich Marx - Biographie de Karl & Engels, Friedrich MarxPlus sur cette citation >> Citation de Karl & Engels, Friedrich Marx n° 98894 - Ajouter Ă mon carnet de citations Notez cette citation - Note moyenne sur 467 votesEn sept mots comme en cent la lutte des classes manque de et une pensĂ©es 2005 de Philippe BouvardRĂ©fĂ©rences de Philippe Bouvard - Biographie de Philippe BouvardPlus sur cette citation >> Citation de Philippe Bouvard n° 75861 - Ajouter Ă mon carnet de citations Notez cette citation - Note moyenne sur 466 votesLa haine du client est en train de remplacer la lutte des et une pensĂ©es 2005 de Philippe BouvardRĂ©fĂ©rences de Philippe Bouvard - Biographie de Philippe BouvardPlus sur cette citation >> Citation de Philippe Bouvard n° 75414 - Ajouter Ă mon carnet de citations Notez cette citation - Note moyenne sur 466 votesL'internement est en partie l'un des symptĂŽmes de la lutte des Loi, la libertĂ© et la psychiatrie 1977 de Thomas SzaszRĂ©fĂ©rences de Thomas Szasz - Biographie de Thomas SzaszPlus sur cette citation >> Citation de Thomas Szasz n° 51749 - Ajouter Ă mon carnet de citations Notez cette citation - Note moyenne sur 466 votes< Page 1/1Votre commentaire sur ces citations - Lache - LachetĂ© - LĂąchetĂ© - Laideur - Langage - Langue - Lapsus - Larme - Leçon - Lecture - Lettre - Liaison - Liberalite - Liberte - LibertĂ© - Limitation - Linguistique - Lire - LittĂ©rature - Litterature - Livre - Logement - Logiciel - Logique - Loi - Loisirs - Louange - LoyautĂ© - Lucidite - Lumiere - Lune - Lunettes - Luxe - Luxure ThĂšmes populaires + Autres belles citations et proverbes sur La lutte des classes Toutes les citations sur La lutte des classes Citation sur la Citations courtes la PoĂšmes La lutte des classes Proverbes La lutte des classes Etendez votre recherche avec le dictionnaire des dĂ©finitionsThĂšmes populairesCitations d'amour Citations sur l'amour Citations sur l'amitiĂ© Citations sur la vie Citations sur le bonheur Citations sur les femmes Citations sur le couple Citations sur la sagesse Citations sur la tristesse Citations sur la mort Citations sur la nature Citations sur l'absence Citations sur le manque Citations sur l'enfance
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EnAlgérie le prolétariat n'existait pas, sa génitrice (la révolution industrielle) n'est pas passé par là , pas plus qu'elle n'a concerné l'empire ottoman, son ex autorité tutélaire. Aussi, la lutte des «classes», si on veut bien l'appeler ainsi,se résumait en une confrontation dramatiquement inégale entre conquérants vainqueurs et paysans vaincus, entre possédants
RĂ©sumĂ© du document Commentaire d'un extrait de l'ouvrage de Karl Marx intitulĂ© Les luttes de classes en France, 1848 Ă 1850. Sommaire A. Pourquoi cette assemblĂ©e est-elle misĂ©rable » ?B. PrĂ©sentation des forces en prĂ©senceII La parti de l'ordre 76-79A. La coalition des deux fractions bourgeoises monarchistesB. La RĂ©publique comme terrain d'ententeC. MatĂ©rialisme historique/ Contradiction/ IdĂ©ologiesIII Les dĂ©mocrates-socialistes 79-83A. La coalition de la petite bourgeoisie et des ouvriersB. Limites de cette coalitionC. La lutte de classes comme moteur de l'histoireIV Echec de la Montagne et des dĂ©mocrates-socialistes 83-84A. Echec de la manifestation de juin 1849B. Contradiction entre les valeurs et les intĂ©rĂȘts de la petite bourgeoisieConclusion Extraits [...] Juin 1849 ne fut pas la tragĂ©die sanglante entre le salariat et le capital, mais le spectacle lamentable, comblĂ© d'incarcĂ©rations, entre le dĂ©biteur et le crĂ©ancier 84. Marx dĂ©nonce ici l'absence d'affrontement qui aurait pu se produire. Il renvoie cette situation Ă l'infrastructure pour expliquer son dĂ©roulement dans la superstructure. Le crĂ©ancier est la grande bourgeoisie, maĂźtresse de l'Ă©conomie, le dĂ©biteur est la petite bourgeoisie dont les intĂ©rĂȘts sont contradictoires avec ceux du prolĂ©tariat. La petite bourgeoisie dĂ©montre ici son incapacitĂ© Ă rejoindre les objectifs politiques du prolĂ©tariat. [...] [...] Marx conclut que la Montagne ne peut accomplir la tache qui revient logiquement au prolĂ©tariat rĂ©volutionnaire. Elle n'est pas rĂ©ellement rĂ©volutionnaire, mais utilise la vague de mĂ©contentement et les aspirations rĂ©volutionnaires pour maintenir son pouvoir parlementaire Conclusion La stratĂ©gie et la position de classe de la Montagne expliquent son Ă©chec Ă©lectoral du 28 mai oĂč le parti de l'Ordre remporte la majoritĂ© 180 montagnards contre 450 monarchistes. Pour conclure, Marx compare juin 1848 Ă juin 1849. Il Ă©crit qu'en 1848 la rĂ©publique Ă©tait constituĂ©e contre le prolĂ©tariat par la grande bourgoisie, et qu'en 1849, les aspirations rĂ©volutionnaires Ă©taient Ă©touffĂ©es par l'incapacitĂ© de la petite bourgeoisie. [...] [...] Elle est revenue sur les avancĂ©es de juin 1848, elle refuse d'amnistier les insurgĂ©s de 1848 ce qui montre sa distance vis-Ă -vis des rĂ©volutionnaires. Elle est d'une part haĂŻe par le peuple et d'autre part rejetĂ©e par la grande bourgeoisie. Elle n'est qu'un vampire se nourrissant du sang des insurgĂ©s de Juin c'est-Ă -dire de ceux qui lui ont permis de prendre le pouvoir. L'approche des Ă©lections lĂ©gislatives donne lieu Ă une agitation Ă©lectorale deux groupes principaux s'affrontent parti de l'ordre et parti dĂ©mocrate-socialiste ou rouge, un troisiĂšme Ă©tant les rĂ©publicains bourgeois du National. [...] [...] D'autre part, province, armĂ©e et paysannerie se rangent derriĂšre la Montagne. Ce parti faisait ainsi oublier son rĂŽle dans le gouvernement provisoire et s'Ă©rigeait en porte parole parlementaire de la rĂ©volution. Pour Marx, les aspirations rĂ©volutionnaires ne se sont pas exprimĂ©es dans les actes de la Montagne, mais seulement dans son discours l'expression de l'Ă©nergie rĂ©volutionnaire se limitait Ă des sorties parlementaires, au dĂ©pĂŽt d'actes d'accusation, Ă des menaces, Ă©clats de voix discours tonitruants et audaces ne dĂ©passant pas la phrasĂ©ologie. [...] [...] - Les OrlĂ©anistes OrlĂ©ans incarnent l'aristocratie financiĂšre et la bourgeoisie industrielle. Ils avaient le pouvoir sous la monarchie de Juillet 1830-1848. C'est dans la RĂ©publique que ces deux fractions rivales trouvent un terrain d'entente. Si la RĂ©publique ne pouvait ĂȘtre autre chose que la domination parachevĂ©e et manifeste de l'ensemble de la classe bourgeoise, pouvait-elle ĂȘtre autre chose que la domination des orlĂ©anistes, complĂ©tĂ©s par les lĂ©gitimistes, et des lĂ©gitimistes complĂ©tĂ©s par les orlĂ©anistes, la synthĂšse de la Restauration et de la monarchie de Juillet. 77. [...]
Lirela suite de Bicentenaire de Karl Marx: un combattant de la classe ouvriĂšre; 86 lectures; Le Manifeste du parti communiste: un combat toujours actuel ! Soumis par ICConline le 14 juin, 2018 - 11:06. Il y a 170 ans, Ă©tait publiĂ© le Manifeste du parti communiste : âau congrĂšs du parti Ă Londres, en 1847, Marx et Engels furent chargĂ©s de mettre sur pied la publication dâun
PubliĂ© le 22/01/2021 Ă 1045, Mis Ă jour le 22/01/2021 Ă 1418 Le sĂ©nateur Bernie Sanders arrivant Ă l'investiture du prĂ©sident Ă©lu des Ătats-Unis Joe Biden sur le front du Capitole des Ătats-Unis. Washington, le 20 janvier 2021. Abaca Le look de Bernie Sanders lors de l'investiture de Joe Biden a dĂ©clenchĂ© un vĂ©ritable engouement sur les rĂ©seaux sociaux. L'image, devenue virale, a fait l'objet de nombreux montages. Parmi eux, celui de Jennifer Anniston, qui a intĂ©grĂ© l'homme politique au gĂ©nĂ©rique de Friends. Parmi les invitĂ©s de la cĂ©rĂ©monie d'investiture de Joe Biden se trouvait notamment son ex-rival Ă la primaire dĂ©mocrate, Bernie Sanders. Le sĂ©nateur du Vermont s'est distinguĂ© par sa tenue hivernale rustique, qui a instantanĂ©ment fait le bonheur des rĂ©seaux sociaux. Parka kaki et moufles tricotĂ©es Ă motifs hivernaux, une enveloppe kraft sous son bras, son look de trappeur Ă©tait bien diffĂ©rent des tenues trĂšs apprĂȘtĂ©es des autres invitĂ©s. Il est depuis devenu le mĂšme une image dĂ©tournĂ©e Ă des fins humoristiques, NDLR prĂ©fĂ©rĂ© des internautes. L'actrice Jennifer Aniston a ainsi partagĂ© en story, sur son compte Instagram, plusieurs montages hilarants de l'homme politique, comprenant une couverture de magazine, ainsi que le casting de dĂ©couvrirSuri Cruise la petite fille gĂątĂ©e d'Hollywood, ou l'histoire d'une enfant diabolisĂ©e par les mĂ©diasMontage Bernie Sanders X Friends Capture d'Ă©cran Instagram / jenniferanistonMontage Jennifer Anniston X Bernie Sanders Capture d'Ă©cran Instagram / jenniferanistonEn vidĂ©o, Kamala Harris prĂȘte serment et devient vice-prĂ©sidente des Ătats-UnisUn mĂšme repris par de nombreuses cĂ©lĂ©britĂ©sLe sĂ©nateur du Vermont s'est par ailleurs retrouvĂ© au cĆur d'une vĂ©ritable surenchĂšre de montages, sur lesquels il apparaĂźt dans des situations incongrues. Sarah Jessica Parker a immĂ©diatement surfĂ© sur la tendance, en l'ajoutant au casting de Sex and The City. Un remplaçant sĂ©rieux pour le personnage de Samantha dans la prochaine saison de la sĂ©rie ?L'actrice Demi Moore a, quant Ă elle, revisitĂ© une scĂšne culte du film Ghost 1990 utilisant l'accessoire - dĂ©sormais culte - du politicien, Ă des fins plus Longoria s'est Ă©galement amusĂ©e a ajouter le sĂ©nateur dans le dĂ©cor de la cĂ©lĂšbre sĂ©rie Desperate Goldberg s'est prĂȘtĂ©e au jeu en partageant une scĂšne un brin revisitĂ©e du film La Couleur Pourpre 1985.Enfin, l'acteur canadien Ryan Reynolds, a imaginĂ© Bernie Sanders en anti-hĂ©ros, accompagnant son personnage Deadpool 2016.Quant au principal intĂ©ressĂ©, il a exprimĂ© sa joie d'avoir apportĂ©fait un peu de publicitĂ©s Ă un accessoire dont la fabrication est locale. Bernie Sanders a ainsi dĂ©clarĂ© Ă la journaliste de CNN Ali Zaslav qu'il Ă©tait simplement heureux que la photo "fasse prendre conscience aux personnes que nous fabriquons de bonnes mitaines dans le Vermont". Une publicitĂ© qui a portĂ© ses fruits, puisque la fabricante de ces moufles, Jenn Hellis, croule sous les demandes depuis l'inauguration.
RĂ©sumĂ© La lutte des classes est une Ćuvre de l'historien et philosophe allemand Karl Marx, elle a Ă©tĂ© publiĂ©e dans les annĂ©es cinquante. Ses travaux rĂ©alisĂ©s en sociologie et en Ă©conomie l'ont amenĂ© Ă rĂ©diger de nombreux ouvrages politiques mais aussi Ă©conomiques. GrĂące Ă sa formation, il a pu puiser dans son travail la notion
ï»żA lâoccasion du bicentenaire de la naissance de Karl Marx, nous revenons Ă travers une sĂ©rie dâarticle sur les apports essentiels du marxisme Ă lâanalyse sĂ©rieuse de la sociĂ©tĂ© moderne. TroisiĂšme Ă©pisode ! Le marxisme et lâHistoire un enjeu fondamental et souvent mal compris La perspective historique du marxiste est un des enjeux principaux de la comprĂ©hension de la pensĂ©e marxiste et de son application dans les sciences sociales. DĂ©jĂ parce quâil sâagit dâune des rĂ©flexions centrales du matĂ©rialisme dialectique, mais Ă©galement parce que la comprĂ©hension de lâhistoricisme marxiste porte, pour nous communiste, un enjeu pĂ©dagogique de premiĂšre importance. En premier lieu, elle prĂ©sente dans bien des cas le lieu commun des poncifs caricaturaux circulant Ă propos de la pensĂ©e de Karl Marx, ensuite sa mauvaise comprĂ©hension est Ă la base de nombreuses erreurs dâinterprĂ©tation au sein mĂȘme du mouvement communiste. Enfin, cette idĂ©e de la Lutte des classes comme moteur de lâHistoire est dâautant plus fondamentale quâelle fait du marxisme un humanisme, dans le sens oĂč elle place les masses au cĆur de tous les processus historiques. DâoĂč la fameuse phrase de Karl Marx Ce sont les masses qui Ă©crivent lâHistoire » Commençons dĂ©jĂ par tordre le cou Ă deux prĂ©jugĂ©s courants le marxisme comme outil de lâanalyse historique nâest en aucun cas une lecture prophĂ©tique de lâHistoire, elle ne prĂ©tend en aucun cas que la rĂ©volution est inĂ©vitable, mais simplement que les contradictions du capitalisme en fabrique cycliquement les conditions. Du reste câest bien le rapport de force qui existe entre les classes sociales, et plus gĂ©nĂ©ralement lâorganisation des forces rĂ©volutionnaires qui en dĂ©terminent la rĂ©alisation ou la non-rĂ©alisation. Le deuxiĂšme prĂ©jugĂ© qui dĂ©coule naturellement du premier, typique des critiques portĂ©es par les praticiens bourgeois des sciences sociales serait que le marxisme est tĂ©lĂ©ologique câest-Ă -dire quâil prĂ©tendrait que lâHistoire Ă un sens prĂ©dĂ©terminĂ© celui du progrĂšs social. Or justement le marxisme fait de lâHistoire une rĂ©alitĂ© dialectique, câest-Ă -dire traversĂ©e par des contradictions dâintĂ©rĂȘts et des rapports de force lâensemble des conflits sociaux naissants de ces contradictions sont fondamentalement moteur de lâHistoire, que leurs dĂ©nouements soient favorables ou non aux classes sociales dominĂ©es. Ces deux premiĂšres constatations sont dĂ©jĂ suffisantes pour dĂ©montrer la vacuitĂ© de lâapproche attentiste, quâon retrouve parfois au sein du mouvement communiste, qui voudrait que la rĂ©volution soit inĂ©vitable, les forces rĂ©volutionnaires nâayant alors pour vocation que de sây prĂ©parer pour y insuffler son analyse du monde, Ă lâavant-garde des masses populaires. Or câest prĂ©cisĂ©ment lâinverse il nâest de rĂ©volution qui ne soit prĂ©alablement le fruit dâun processus historique rĂ©volutionnaire construit sur le long terme, par et autour dâorganisations de masses et de classes. Câest prĂ©cisĂ©ment ce qui fait la diffĂ©rence fondamentale entre lâĂ©meute et la rĂ©volution dâune part, et entre coup dâĂ©tat et rĂ©volution dâautre part. Le rĂŽle dâavant-garde ne rĂ©side donc pas seulement dans un rapport de force entre les diffĂ©rentes organisations qui composent les forces rĂ©volutionnaires, en attendant le dĂ©clenchement de lâinĂ©vitable insurrection, mais bien dans la comprĂ©hension et la prĂ©paration Ă long terme du processus rĂ©volutionnaire lui-mĂȘme Ă un moment donnĂ© de lâHistoire qui en rĂ©unit les conditions objectivement nĂ©cessaires. Pour exemple, si lâĂ©tat actuel de bouleversement des rapports de productions, câest-Ă -dire les contradictions grimpantes entre lâĂ©tat des forces productives et lâorganisation sociale de la production pourraient bien rĂ©unir, les conditions sociales dâune rĂ©volution, le rapport de force nâĂ©tant pas en faveur de notre camp social â celui des travailleurs â le processus rĂ©volutionnaire ne peut que stagner. Câest bien lĂ tout lâenjeu qui est celui de notre organisation rĂ©volutionnaire crĂ©er les conditions de rapports de force favorables Ă notre classe sociale, et lui permettre de prendre le pouvoir. Histoire et dialectique matĂ©rialiste A prĂ©sent que nous entrons dans le vif du sujet il nous faut revenir un instant sur la question de la dialectique, et dĂ©finir, dâun point de vu marxiste les termes qui ici nous intĂ©ressent. Ainsi que vous avez pu le lire au cours des articles prĂ©cĂ©dent, la dialectique matĂ©rialiste dĂ©montre que tout systĂšme, toute activitĂ© humaine est traversĂ© par des contradictions dâintĂ©rĂȘts. Ainsi, ces contradictions sont toutes lâobjet dâun rapport de force fluctuant entre dominants et dominĂ©s. Certaines de ces contradictions ne sont pas Ă proprement parlĂ© infrastructurelle, câest-Ă -dire quâelles ne sont pas naturellement inhĂ©rentes Ă un systĂšme social et Ă©conomique donnĂ© prenons pour exemple le cas des dominations sexistes. Si ces derniĂšres sâappliquent bien selon les lois et les formes propre Ă la sociĂ©tĂ© capitaliste inĂ©galitĂ© salariale, dĂ©pendance Ă©conomique, discrimination Ă lâembauche etc. elles ne sont pas pour autant fondamentales. La bourgeoisie peut certes nourrir ses intĂ©rĂȘts de ces contradictions, mais dans lâabsolue une sociĂ©tĂ© capitaliste pourrait trĂšs bien sâaccommoder de lâabolition de la domination sexiste, tout comme un rĂ©gime socialiste, qui a aboli les classes sociales pourrait conserver intactes la domination de la femme par lâhomme. En revanche, si il y a bien une contradiction fondamentale qui est inhĂ©rente Ă lâorganisation de toutes les sociĂ©tĂ©s humaines câest bien la lutte des classes. Ce qui diffĂ©rencie pour Marx lâhomme de lâanimal, câest sa capacitĂ© Ă produire ces propres moyens de subsistances. De fait, toute sociĂ©tĂ© humaine, câest-Ă -dire tout groupe humain structurĂ© et organisĂ© se doit dâorganiser la force de travail, de façon cohĂ©rente, afin de produire les biens et services nĂ©cessaires Ă la survie du groupe. Comme toute organisation sociale, cette organisation du travail, structure de fait les rapports sociaux, câest-Ă -dire quâils fragmentent la sociĂ©tĂ© en groupes distincts, gĂ©nĂ©ralement entre ceux qui possĂšdent ou contrĂŽlent les moyens de production terres, machines, outils etc. et ceux qui exercent leur force de travail. Câest ce quâon appelle lâorganisation des rapports de production. Les rapports de production capitalistes divisent la sociĂ©tĂ© en deux classes dâintĂ©rĂȘt distinct, la bourgeoisie et le prolĂ©tariat. La bourgeoisie possĂšde les moyens de production, tandis que le prolĂ©tariat rĂ©unit tous ceux qui sont contraint pour vivre de vendre leur force de travail. La force de travail, comme vecteur principal de la valeur ajoutĂ©e des marchandises produites, peut ĂȘtre ainsi considĂ©rĂ©e, au mĂȘme titre que la matiĂšre premiĂšre, comme une marchandise au coĂ»t fluctuant. Comme pour nâimporte quelle marchandise, lâintĂ©rĂȘt de la bourgeoisie est de lâacquĂ©rir pour le coĂ»t le plus modique possible. Câest-Ă -dire augmenter la productivitĂ©, tout en comprimant le plus possible le coĂ»t de la force de travail. Ce faisant il contraint du mĂȘme coup le travailleur Ă brader sa force de travail, particuliĂšrement en pĂ©riode de chĂŽmage pour pouvoir continuer dâassurer sa subsistance. Cette diffĂ©rence entre le coĂ»t » de la force de travail, et le bĂ©nĂ©fice rĂ©el issus de la marchandise est nommĂ©e plus value », câest la base fondamentale du profit, et de lâexploitation capitaliste. Par voie de consĂ©quence, lâintĂ©rĂȘt objectif des prolĂ©taires est donc de maĂźtriser par eux mĂȘme leur travail, en vu de supprimer cette derniĂšre donnĂ©, afin de pouvoir pleinement jouir des richesses quâils produisent, soit sous la forme dâun revenu non-salariĂ©, soit par le rĂ©investissement de la richesse produite dans lâoutil de production, ou lâamĂ©lioration des conditions de travail. Ainsi augmenter la productivitĂ© dans un tel cadre par lâamĂ©lioration des techniques de production peut ainsi diminuer le temps de travail, sans pour autant y voir de consĂ©quence sur leur revenu, leur emploi, leur niveau de vie. Au cours de lâHistoire, les multiples Ă©volutions techniques, Ă©conomique, ou encore culturelle sont venu modifier lâorganisation des rapports de production. LâĂ©tat du rapport de force entre les classes antagonistes, qui peuvent sâexprimer de maniĂšre trĂšs diverses, dĂ©pendent, en outre, du niveau de conscience des individus de leurs intĂ©rĂȘts de classe, ainsi que de la cohĂ©sion interne aux de ces dites classes. Il ne faut donc pas confondre la lutte de classe, phĂ©nomĂšne inhĂ©rent Ă la division sociale du travail dans les sociĂ©tĂ©s humaines, conscient ou inconscient ; lâintĂ©rĂȘt de classe, qui reprĂ©sente lâintĂ©rĂȘt objectif dâun groupe donnĂ© au sein des rapports de production ; et la conscience de classe, qui dĂ©finit le niveau de conscience des groupes et des individus quant Ă la place objective quâils occupent dans les rapports de production, et de leurs intĂ©rĂȘts objectifs, individuels et collectifs dans la lutte des classes. Il nâen reste pas moins que le phĂ©nomĂšne demeure agissant quel que soit le niveau de conscience quâen ont les acteurs, le rapport de force, ou la posture dĂ©fendue par les groupes et les individus au sein de ce phĂ©nomĂšne, mĂȘme sâils y dĂ©fendent un intĂ©rĂȘt perçu et non pas objectif. Sur ce dernier point nous reviendrons dans la derniĂšre partie. Pour Marx, les faits sociaux sont certes dialectiques, mais ils sont Ă©galement historiques câest-Ă -dire transitoires. LâĂ©volution permanente des rapports de production, les conflits sociaux et les antagonismes de classe qui naissent des contradictions toujours plus nombreuses de lâorganisation des rapports de production font de la sociĂ©tĂ© dans son ensemble une gigantesque construction historique en constante Ă©volution. Ainsi, si nous avons Ă©voquĂ© ci-dessus la division sociale du travail dans les sociĂ©tĂ©s capitaliste, il nous faut Ă prĂ©sent nous pencher sur divers cas dans lâhistoire susceptible de montrer comment la lutte des classes peut-elle se faire le moteur dâune dialectique historique, et du perpĂ©tuel changement des sociĂ©tĂ©s humaines. Evolution historique des rapports de production Ainsi, on peut dĂ©finir que lâenjeu au cĆur de toute organisation des rapports de production est la question de la reproduction de la force de travail. Câest-Ă -dire que lâactivitĂ© professionnelle, doit pouvoir produire de la richesse tout en assurant la subsistance des travailleurs, leur permettant ainsi de continuer Ă produire. Dans le Capital », Karl Marx parle de la quantitĂ© de travail socialement nĂ©cessaire » Ă la reproduction de la Force de travail. Quel que soit lâorganisation des rapports de production cette nĂ©cessitĂ© dâassurer la reproduction de la force de travail demeure un Ă©lĂ©ment central. Câest de cette maniĂšre que lâorganisation sociale du travail fractionne la sociĂ©tĂ© en classes dâintĂ©rĂȘts divergents. Ainsi, les contradictions sans cesse montante entre les gestionnaires des moyens de production, et ceux qui appliquent leur force de travail gĂ©nĂšrent nĂ©cessairement une lutte de classe, dont la forme revĂȘt cycliquement des caractĂšres propre Ă lâorganisation desdits rapports de production. Si les rapports de production capitalistes divisent la sociĂ©tĂ© en deux classes antagonistes, on ne peut limiter Ă cette analyse les rapports de productions propres aux sociĂ©tĂ©s de lâantiquitĂ© ou de la pĂ©riode mĂ©diĂ©vale. Ainsi, dans lâantiquitĂ© grecque et romaine, il existe une double hiĂ©rarchie sociale parallĂšle du fait de la multiplicitĂ© des structures de productions, car Ă la sociĂ©tĂ© de classes, se superposent une sociĂ©tĂ© dâordres. Ainsi, dans lâantiquitĂ© il existe une premiĂšre hiĂ©rarchie entre homme libre et esclaves qui est lâobjet dâune lutte de classe particuliĂšrement intense. On peut prendre lâexemple les trois grandes rĂ©voltes des esclaves contre la RĂ©publique romaine, et dont le cycle sâachĂšve en 71 avant JĂ©sus Christ avec la mort de Spartacus. Les esclaves ne sont en aucun cas comparables Ă des salariĂ©s, puisquâil ne sâagit pas dâune marchandisation de la force de travail, mais bien dâune marchandisation de lâindividu en tant que tel. Ce nâest donc pas le temps de travail socialement nĂ©cessaire » qui dĂ©termine la capacitĂ© de reproduction de la force de travail, mais bien la valeur accordĂ©e aux individus eux-mĂȘmes comme marchandise Ă part entiĂšre. Lâaristocratie peut en outre limiter la masse salariale » terme utilisĂ© Ă dĂ©faut de mieux mais en partie anachronique en la matiĂšre en permettant notamment dans la gestion des tĂąches agricoles, dâemployer pour les travaux le minimum dâhommes libres, produisant ainsi un chĂŽmage structurel dans les campagnes gĂ©nĂ©rateur de conflits sociaux. Ceux-ci vont dâailleurs sous la dictature de Jules CĂ©sar conduire Ă une lĂ©gislation limitant la pratique de lâesclavage dans les tĂąches agricoles. Mais on ne peut pas limiter le conflit de classe Ă un antagonisme entre hommes libres et esclaves, car chacune de ces catĂ©gories rĂ©pond en fait elle-mĂȘme Ă des luttes de classe spĂ©cifique. Ainsi, on peut faire la distinction entre les esclaves aux services des riches familles romaines qui ne cessent de prendre de lâimportance Ă la fin de la RĂ©publique et au dĂ©but de lâempire au point de gĂ©rer pour le compte de leur maĂźtre des hommes libres de basses extractions que lâon nomme dĂ©jĂ des prolĂ©taires. LâĂ©ducation des enfants est dâailleurs souvent laissĂ©e Ă des esclaves grecs Ă©rudits. De la mĂȘme maniĂšre certaines magistratures sont rĂ©servĂ©s aux esclaves affranchis par testament Ă la mort de leur maĂźtre, et dont lâinfluence politique est relativement importante. A lâinverse les esclaves des campagnes sont souvent traitĂ©s comme des bĂȘtes de sommes. Parmi les hommes libres il existe Ă©galement des formes dâantagonisme extrĂȘmement brutaux, dâune part autour du systĂšme dâordre, quâon pourrait grossiĂšrement limiter Ă des systĂšmes de castes qui permettent lâaccĂšs Ă des droits civiques plus ou moins importants Ă Rome, mais Ă©galement autour de la question de la propriĂ©tĂ© de la terre. Ainsi, la rĂ©forme agraire menĂ© par Tiberius et Gaius Graccus pour lâĂ©gal jouissance des terres des domaines publiques ager publica est aussi lâoccasion dâaffrontements de classe extrĂȘmement importants entre les citoyens aisĂ©es, souvent honestiores ceux qui sont honorĂ©s et les travailleurs plĂ©bĂ©iens humiliores, ils rĂ©pondent en outre Ă des logiques. En dĂ©finitif, les inĂ©galitĂ©s violentes qui transcendent les classes et les statuts hommes libres, esclaves et affranchis, sont Ă lâorigine de transformations politiques, institutionnelles et sociales majeures dans la sociĂ©tĂ© romaine, tel que lâaccession des plĂ©bĂ©iens aux hautes fonctions de consuls, la crĂ©ation de magistratures ayant vocation Ă la dĂ©fense des citoyens dĂ©munis tribunat de la plĂšbe notamment, ou encore lâextension gĂ©nĂ©ralisĂ©e de tous les habitants de lâempire Ă la citoyennetĂ© romaine de plein droit Ă partir de 212. Inversement, la lutte des classes privilĂ©giĂ©es pour le maintien de leurs privilĂšges sont aussi un puissant vecteur de transformations politiques et sociales en de nombreuses occasions. En outre lâinĂ©galitĂ© de lâaccĂšs Ă la terre rend complexe la reproduction de la force de travail et limite ainsi Ă©galement, de ce fait, la levĂ©e militaire dans une pĂ©riode dâexpansion territoriale. On voit encore comment les rapports de force entre dominants et dominĂ©s, occupent dans les rapports de productions de lâantiquitĂ© occidentale une place de premier ordre. On note ainsi que dans les rapports de productions antiques, ce nâest pas la quantitĂ© de richesse produites par les unitĂ©s de productions qui dĂ©termine le niveau de richesse socialement reconnu, mais bien la valeur totale des biens immeubles, en terre et en logement qui dĂ©termine la place dans lâordre social, et ouvre la porte Ă des avantages civiques et commerciaux particuliers. Dans la pĂ©riode mĂ©diĂ©vale, avec lâeffondrement progressif de la centralisation du pouvoir impĂ©rial de Rome, lâunitĂ© de production standard devient la seigneurie qui organise une bonne part des rapports de production. La pratique du servage, oĂč les hommes sont directement liĂ©s Ă la terre, et ne reçoivent quâune relative protection militaire en Ă©change de leur travaux forcĂ©s peut, Ă de nombreux titres, sâinterprĂ©ter comme une continuitĂ© de la pratique esclavagiste. La premiĂšre rente des seigneurs est donc lâimpĂŽt, sur la terre, mais aussi sur lâusage de lâoutil de production en tant que tel. Il ne sâagit donc pas dâun systĂšme dâaccumulation de richesse et de marchandise mais bien dans un premier temps dâun circuit fermĂ©. A partir du XIIIĂšme siĂšcle, lâaugmentation de la population accĂ©lĂšre lâaugmentation de la production, en vu de rĂ©pondre au besoin croissant de la reproduction de la force de travail. Lâapparition de surplus de production, fait entrer en compte la revente par les seigneurs dâun nombre important de marchandise, qui hĂąte avec le dĂ©veloppement urbain, lâapparition dâune classe intermĂ©diaire qui vit essentiellement de la revente des surplus de production seigneuriaux la classe bourgeoise. Câest aussi lâoccasion dâune nouvelle Ă©volution des rapports de productions mĂ©diĂ©vaux qui sâoriente vers la pratique du salariat, et de lâaffermage,qui consiste Ă louer contre des corvĂ©es et des impĂŽts en nature ou en monnaies, en Ă©change du droit Ă jouir des produits de sa production, voir Ă leur revente sur les marchĂ©s. Cette Ă©volution fait apparaĂźtre de nouveaux antagonismes de classe entre la bourgeoisie et la noblesse, devant la concurrence dĂ©loyale des reventes seigneuriales, et la pratique de taxe importante pour lâexportation des marchandises, qui conduisent Ă la suite de luttes de classe sanglante Ă lâapparition de chartes communales, qui laissent la gestion de certaines municipalitĂ©s aux bourgeois, plutĂŽt quâĂ la noblesse. On ne peut nĂ©anmoins pas rapprocher ces pratiques de celles en apparence similaires quâon verra apparaĂźtre Ă partir du XIXĂšme siĂšcle jusquâau dernier quart du XXĂšme car le fĂ©odalisme ne repose que sur un circuit fermĂ© qui ne cherche pas nĂ©cessairement Ă lâaccumulation permanente de richesses. Les grandes jacqueries rĂ©voltes paysannes du XIVĂšme siĂšcle sont Ă ces titres tout Ă fait reprĂ©sentatifs de la violence des conflits de classes que suscitaient ces rapports de productions, et dont les rĂ©voltes paysannes de la rĂ©volution française contre les privilĂšges dĂ©montrent bien la tardive continuitĂ©. Au sein de lâartisanat, le rĂ©gime corporatiste garantit quant Ă lui le maintien dâune reproduction sociale qui divise les artisans entre les maĂźtres, qui dĂ©cident collectivement les normes de travail pour lâensemble de la branche professionnelle, ainsi que de la propriĂ©tĂ© et le financement de lâoutil de production, les compagnons et les apprentis quant Ă eux, dont lâascension sociale ne dĂ©pend que du bon vouloir des maĂźtres de corporations qui nâont quant Ă eux que peu dâintĂ©rĂȘts Ă voir entrer sur le marchĂ© de nouvelles boutiques concurrentes, et qui conduit Ă la suite de mouvements sociaux importants des compagnons Ă la disparition progressive des corporations et la mise en concurrence gĂ©nĂ©ralisĂ©e de la production artisanale. La lutte des classes comme Ă©lĂ©ment moteur de lâHistoire une Ă©volution plus dialectique que linĂ©aire Il faut cependant bien apprĂ©hender lâidĂ©e que ce phĂ©nomĂšne nâa rien de mĂ©canique et de linĂ©aire. Les conflits sociaux ne sâachĂšvent pas systĂ©matiquement par une issue favorable aux classes dominĂ©es, elles peuvent au contraire faire naĂźtre de nouvelle contradictions, en modifiant les rapports de productions qui modifient de ce fait les rapports sociaux. Ainsi, lâapparition de communautĂ©s paysannes pratiquant lâaffermage produit de nouvelles hiĂ©rarchies sociales au sein mĂȘmes de ces communautĂ©s. En outre, la levĂ© militaire, et le paiement de lâĂ©quipement qui jusquâalors Ă©taient au frais du seigneur, passent dĂšs lors au frais desdites communautĂ©s, oĂč lâimpact de lâachat et de lâentretien de lâarmement nâest pas le mĂȘme selon les foyers. On voit bien quâune lutte de classe modifiant les rapports de production en apparence favorablement aux classes dominĂ©s nâest pas mĂ©caniquement Ă©mancipatrice. Un autre exemple, plus rĂ©cent, dĂ©montre bien cette dialectique. Ainsi, durant les guerres carlistes du XIXĂšme siĂšcle en Espagne qui voient sâaffronter les partisans dâune monarchie libĂ©rale politiquement et Ă©conomiquement Ă ceux de lâabsolutisme dâancien rĂ©gime, voient les paysans prendre faits et causes pour le compte des absolutistes, car le maintien des privilĂšges de la noblesse, notamment ecclĂ©siastique, semble reprĂ©senter pour eux une forme dâautonomie et de gestion collective des moyens de productions moyennant taxe seigneuriales et corvĂ©es, lĂ oĂč la propriĂ©tĂ© bourgeoise de la terre et lâapparition de la moyenne propriĂ©tĂ© a, par endroit, crĂ©er de nouvelles hiĂ©rarchies sociales, oĂč le salariat capitaliste a encore plus accentuĂ© les situations dâinĂ©galitĂ© sociale. Une partie de la paysannerie voit ainsi dans le rejet de la propriĂ©tĂ© bourgeoise de la terre, une lutte conforme Ă ses intĂ©rĂȘts de classe, bien quâelle maintienne le latifundisme trĂšs grande propriĂ©tĂ© terrienne, et qui Ă©volue dans le sens dâune intĂ©gration de la grande bourgeoisie terrienne et de la noblesse, au sein dâune mĂȘme classe, et de lâapparition dâun prolĂ©tariat agricole structurellement misĂ©rable. Le l chapitre finale de cette lutte de classe sera la guerre dâEspagne, qui ne put, comme chacun le sait, trouver dâissue favorable pour les travailleurs. La fin de lâHistoire ? Bilan et organisation contemporaine des rapports de production du capitalisme mondialisĂ© et financiarisĂ© Tirer un bilan exhaustif de lâĂ©tat du processus historique et de lâorganisation des rapports de production au XXIĂšme siĂšcle nĂ©cessiterait Ă©videmment un exposĂ© beaucoup trop long, qui soulĂšverait des enjeux trop spĂ©cifiques pour ĂȘtre dĂ©veloppĂ©s ici. On peut nĂ©anmoins, en guise de conclusion Ă©dicter diverses caractĂ©ristiques du capitalisme trĂšs contemporain ainsi que les enjeux et contradictions nouvelles quâils soulĂšvent. En outre lâactualitĂ© de la question historique dans la pensĂ©e marxiste porte pour nous lâenjeu trĂšs contemporain de remettre en cause la pensĂ©e de la fin de lâHistoire ». Celle-ci, thĂ©orisĂ©e Ă la chute du mur de Berlin a voulu tirer le constat de lâhĂ©gĂ©monie ad vitam eternam du capitalisme avec lâeffondrement du monde socialiste. Ainsi, la pensĂ©e bourgeoise prĂ©tend que le capitalisme serait dĂ©sormais lâunique horizon de lâHistoire humaine, tant du point de vue du mode de dĂ©veloppements des sociĂ©tĂ©s contemporaines que de celui de la pensĂ©e. Or, si le capitalisme revĂȘt dĂ©sormais des formes originales, dont Lucien SĂšve tirait dĂ©jĂ en 1977 lâidĂ©e quâelles ne purent ĂȘtre envisagĂ©es par Marx, Engels ou LĂ©nine, la marche de lâHistoire continue, car lâantagonisme de classe demeure toujours concomitant de ce mode de dĂ©veloppement. Deux aspects majeurs, quoique non exhaustif, caractĂ©risent en premier lieu le dĂ©veloppement historique contemporain des rapports de production capitalistes. Dâabord, avec lâĂ©volution exponentielle des moyens de transports et de communication, on assiste Ă une accĂ©lĂ©ration gĂ©nĂ©ralisĂ©e des Ă©changes Ă une Ă©chelle internationale. La division du travail pour la rĂ©alisation dâune mĂȘme marchandise peut dĂ©sormais sâeffectuer sur des millions de kilomĂštres. De ce fait, la plupart des grands pays capitalistes ayant dâores et dĂ©jĂ atteint la phase impĂ©rialiste de leur dĂ©veloppement, une solution dont use couramment la bourgeoisie nâest plus simplement lâimportation dâune force de travail bon marchĂ© mais la dĂ©localisation des outils de productions vers des zones gĂ©ographiques oĂč le capitaliste peut dĂ©gager une masse de plus valu plus importante encore en contractant toujours plus la masse salariale. On peut trouver deux causes non-exhaustives Ă cet Ă©tat de fait dâabord le dĂ©veloppement historique de lâEtat qui garantit un savoir-faire excĂ©dentaire justifiant des conditions de salaires trop Ă©levĂ©es aux yeux de la bourgeoisie. En second lieu, les conquĂȘtes sociales des travailleurs, notamment en France, avec la sĂ©curitĂ© sociale, qui dans lâidĂ©ologie bourgeoise est un frein aux conditions capitalistes de lâaccumulation du capital. Ces dĂ©localisations des unitĂ©s de productions issus des grandes puissances capitalistes, tels que la France ou les Etats-Unis a pour finalitĂ© une tertiarisation toujours plus importante de la production intĂ©rieure de ces mĂȘmes Etats, câest-Ă -dire la gĂ©nĂ©ralisation massive de lâĂ©conomie de services. Ainsi, lâaccentuation, Ă lâĂ©chelle internationale de la libre concurrence » capitaliste, accĂ©lĂšre en outre lâĂ©mergence des monopoles Ă lâĂ©chelle mondiale et hĂąte, de ce fait, la baisse tendancielle des taux de profits. Le deuxiĂšme aspect de ce dĂ©veloppement contemporain, câest le retour en force de la grande bourgeoisie financiĂšre. Pour Karl Marx, sa principale phase de dĂ©veloppement en Europe sâeffectue au cours de la seconde moitiĂ© du XIXĂšme siĂšcle, principalement sous la monarchie de Juillet pour ce qui est de la France. Cette sous-fraction de la classe bourgeoise, est selon Marx trĂšs particuliĂšre car elle ne vit pas de lâextorsion immĂ©diate de la valeur du travail, mais bien par la captation dâun capital dĂ©jĂ existant. On connaĂźt bien le systĂšme dâemprunt auquel se livrent les Etats, les entreprises, ou les collectivitĂ©s territoriales câest donc le crĂ©dit et la spĂ©culation qui font le profit de la bourgeoisie financiĂšre, et non pas la production. Puisquâelle rend dĂ©pendante dâelle le reste de la bourgeoisie ainsi que les Etats eux-mĂȘmes, elle a pour intĂ©rĂȘt la baisse gĂ©nĂ©ralisĂ©e de la dĂ©pense nationale, pour ainsi garantir la solvabilitĂ© de ces derniers. Elle Ă©galement en grande partie responsable de lâĂ©mergence des sociĂ©tĂ©s anonymes, dont les principaux actionnaires ne sont dĂšs lors plus des dynasties patronales mais bien une multitude de reprĂ©sentants de fond dâinvestissement notamment issus des banques dâaffaires. Elle ponctionne ainsi les Etats et les collectivitĂ©s par le crĂ©dit public, empĂȘchant toute action de rĂ©gulation de lâĂ©conomie, et elle participe Ă©galement Ă la diminution de la part de richesse reversĂ© dans le salaire directe ou indirecte, par le crĂ©dit privĂ©[1]. Quelles sont alors les consĂ©quences de la position de force quâoccupe dĂšs lors cette fraction particuliĂšre de la bourgeoisie ? Karl Marx en donne dĂ©jĂ plusieurs indices. Tout dâabord, elle dĂ©stabilise sans cesse la valeur rĂ©elle de la marchandise, par la spĂ©culation. En outre, elle favorise par le crĂ©dit privĂ©, les grandes structures de production au dĂ©triment des entreprises de taille plus restreinte et participe Ă©galement Ă la constitution de monopole. Mais quâen est il alors de la lutte des classes ? Quâen est-il de la structuration de la classe laborieuse ? En Europe occidentale, lâaugmentation tendancielle des qualifications, liĂ©e aux politiques sociales de lâaprĂšs-guerre a notamment permis Ă un certain nombre de travailleurs une relative Ă©lĂ©vation sociale, qui leur a permis de capitaliser en accĂ©dant plus aisĂ©ment Ă la propriĂ©tĂ©. Les cadres, manager, et petits-entrepreneurs ont dĂšs lors pris une place importante dans les rapports de productions contemporaines, de mĂȘme que les employĂ©s avec le dĂ©veloppement du secteur tertiaire notamment. Devant lâapparente diversitĂ© de formes que prend dĂ©sormais lâemploi salariĂ©, il est dĂšs lors Ă©minemment complexe de rassembler dans une mĂȘme logique dâintĂ©rĂȘt commun, des travailleurs dont lâintĂ©rĂȘt perçu peut paraĂźtre si Ă©loignĂ©. LâidĂ©ologie bourgeoise favorise, encore ici, lâabstraction, en faisant nier aux travailleurs eux mĂȘmes la place objective quâils occupent dans les rapports de production. La lutte des classes nâen demeure pas moins agissante. Ainsi, le dĂ©veloppement frĂ©nĂ©tique de lâauto-entreprenariat, qui en plus de promouvoir lâidĂ©ologie bourgeoise abstraite de la mĂ©ritocratie », va Ă©videmment dans le sens des intĂ©rĂȘts de la bourgeoisie financiĂšre, mais Ă©galement des grandes entreprises qui peuvent se contenter de les racheter une fois en faillite et potentiellement dâacquĂ©rir Ă moindre frais des possibilitĂ©s dâinnovations. Ainsi, la start-up mania ne remet pas en cause, loin sâen faut, la situation monopolistique du capitalisme contemporain en occident. Cependant, la volontĂ© dâĂ©mancipation vis-Ă -vis du salariat demeure claire malgrĂ© le poids de lâidĂ©ologie. Et câest sans nul doute ce qui ressort le plus de la volontĂ© petite-bourgeoise cachĂ© derriĂšre le startupisme et le dĂ©sire de lâauto-entreprenariat. Il nous indique ainsi un fait Ă©minemment empirique les contradictions grimpantes du capitalisme contemporain sont bel et bien perceptible par le plus grand nombre, malgrĂ© lâĂ©vidente difficultĂ© de faire comprendre aux travailleurs lâintĂ©rĂȘt commun qui les unis contre lâidĂ©ologie et lâorganisation bourgeoise des rapports de production. Le parasitisme du systĂšme financier est lui aussi claire pour tous, si bien quâil reçoit mĂȘme les critique acerbes de la petite bourgeoisie et dâune partie de la bourgeoisie industrielle et tertiaire. Mais cette prise de conscience est trĂšs loin de suffire Ă remettre en cause lâorganisation capitaliste de la production. Au mieux favorise-t-elle lâintĂ©rĂȘt des petites unitĂ©s de productions et la petite et moyenne bourgeoisie contre celui de la bourgeoise financiĂšre. Câest la quâon retrouve les vaines abstractions dâune partie de la gauche Ă propos du dictat de Bruxelle » comme si lâoppression du crĂ©dit public Ă©tait apparu comme par magie avec lâUnion europĂ©enne. Câest pourquoi, la responsabilitĂ© historique du mouvement communiste est de travailler auprĂšs des travailleurs dans tous les lieux de vie, de travail et de formation. La propagande communiste, et le marxisme de surcroĂźt demeure encore aujourdâhui la seules critiques scientifiques opĂ©rationnelles des rapports de production capitaliste. Les crises Ă©conomiques sans cesse plus rĂ©guliĂšres, les attaques permanentes contre les droits des travailleurs et la prise de pouvoir politique immĂ©diate de la bourgeoisie avec lâarrivĂ©e au pouvoir dâEmmanuel Macron rendent plus visibles et plus matĂ©riellement perceptibles que jamais les contradictions du capitalisme en Europe occidentale. LâHistoire nâest pas fini, et la lutte internationale des travailleurs, avec ses hauts et ses bas, le dĂ©montre fort bien ces derniĂšres annĂ©es. Il ne tient plus quâaux forces rĂ©volutionnaires de sâemparer de ses contradictions pour forger une nouvelle conscience de classe, et mettre en dynamique les intelligences collectives pour construire un socialisme au XXIĂšme siĂšcle. Karl Marx 2018 de la philosophie politique au philosophe en politique Karl Marx 2018 le matĂ©rialisme dialectique, une rupture philosophique
Classe race et environnement en perspective historique | Nous nous intéresserons dans cet article à la façon dont les inégalités environnementales invitent
LâHumanitĂ© vient de publier un hors-sĂ©rie consacrĂ© Ă Marx, qui rĂ©unit les contributions de nombreux spĂ©cialistes. Richement illustrĂ©, il est accompagnĂ© dâun livret reproduisant le Manifeste du Parti communiste. PrĂ©sentation du hors-sĂ©rie par Pierre Chaillan Dix ans aprĂšs le retour de Marx » lors de la crise de 2008, un rĂ©cent rapport de la banque Natixis explique en quoi son analyse des crises du systĂšme capitaliste se trouve avalisĂ©e. Quelle actualitĂ© ! DĂ©jĂ , depuis le coup de maĂźtre du cinĂ©aste Raoul Peck, câest un jeune Karl Marx qui sâaffiche. Jeune et trĂšs actuel, Marx lâest en raison de sa grille de lecture de classes ! Face aux rĂ©ponses austĂ©ritaires et inĂ©galitaires des pouvoirs politiques et aux semeurs de divisions et de guerre, lâĂ©conomiste des crises, lâhistorien de la lutte des classes et le philosophe de lâĂ©mancipation humaine revient totalement rajeuni dans les dĂ©bats qui agitent la vie politique, Ă©conomique et sociale. GrĂące aux travaux universitaires rĂ©cents, il devient mĂȘme pertinent pour rĂ©pondre Ă des questions dont il semblait Ă©loignĂ© tels les dĂ©fis environnementaux, les enjeux humains et sociĂ©taux. Pour souffler ses 200 bougies, lâHumanitĂ©, journal de Jean JaurĂšs, a donc dĂ©cidĂ© dâĂ©diter un hors-sĂ©rie. Notre directeur-fondateur aimait dialoguer avec le penseur, Ă qui il attribuait lâexpression lâĂ©volution rĂ©volutionnaire », quâil a faite sienne. DĂ©marche moderne sâil en est pour qui veut transformer le monde. Marx, le coup de jeune fait donc la part belle Ă la jeune gĂ©nĂ©ration dâuniversitaires avec les contributions des doctorants en philosophie Saliha Boussedra, Jean QuĂ©tier et Guillaume Fondu, de lâhistorien Jean-Numa Ducange, du professeur de philosophie Florian Gulli, des philosophes Emmanuel Renault et Franck Fischbach ou encore de lâĂ©conomiste FrĂ©dĂ©ric Boccara. Et parce que Marx et le marxisme ne sont pas conçus comme une icĂŽne Ă vĂ©nĂ©rer ou comme la recette magique quâil faudrait de façon mĂ©canique appliquer Ă la lettre, ce numĂ©ro donne de la place au dĂ©bat dans une table ronde avec lâĂ©crivaine Pascale Fautrier, auteure des Rouges, Alain Bergounioux, prĂ©sident de lâOffice universitaire de recherche socialiste Ours, et Guillaume Roubaud-Quashie, le directeur de la revue Cause commune. Câest aussi une formidable invitation Ă redĂ©couvrir Marx, Ă savoir dâoĂč il parle, en suivant le rĂ©cit des grandes pĂ©riodes de sa vie dâintellectuel, de mari, de pĂšre et dâami. Son dialogue avec Friedrich Engels est ainsi retracĂ© par Mohamed Moulfi, professeur de philosophie Ă lâuniversitĂ© dâOran. Plusieurs autres spĂ©cialistes de Marx, au travers dâarticles de rĂ©fĂ©rence, apportent leur pierre Ă une pensĂ©e toujours en construction. Au-delĂ des idĂ©es reçues, le philosophe Lucien SĂšve aborde la question de lâindividu. Le sociologue et philosophe franco-brĂ©silien Michael Löwy relĂšve le gant du dĂ©bat sur Marx Ă©cologiste. Tel un hommage rendu Ă Gramsci et Ă AndrĂ© Tosel, la rĂ©flexion de la philosophe Isabelle Garo dĂ©finit les idĂ©es comme langage de la vie rĂ©elle ». DĂ©bat actuel encore sur la dĂ©mocratie et le communisme, avec les contributions des philosophes Ătienne Balibar et Yvon Quiniou et du secrĂ©taire national du PCF, Pierre Laurent. La vitalitĂ© des concepts marxiens sera rappelĂ©e dans des domaines inattendus ou plus connus avec onze pages, Les mots pour dire Marx de A Ă Z », concoctĂ©es par Maurice Ulrich et Pierre Ivorra. Le docteur en philosophie Claude Morilhat revient sur la pertinence de la thĂ©orie de la plus-value. Enfin, deux pĂ©pites un extrait du texte fondateur du philosophe Daniel BensaĂŻd sur le vol de bois et le poĂšme Karl Marx blues de Jean-Pierre Lefebvre. Si lâhistorien Raymond Huard revient sur le centenaire en 1918, le philosophe Jacques Bidet sâinterroge, lui, sur la trace fĂ©conde » de Marx, Ă©voquant Foucault, Althusser et Bourdieu. Lâentretien de Raoul Peck place ce hors-sĂ©rie dans le faisceau de lumiĂšre du film le Jeune Karl Marx. Un numĂ©ro Ă se procurer absolument.
UnevĂ©ritable rĂ©volution n'est possible que dans les pĂ©riodes oĂč ces deux facteurs - les forces productives modernes et les formes de production bourgeoises - entrent en conflit les unes avec les autres. Les Luttes de classes en France (1850) de. Karl Marx. RĂ©fĂ©rences de Karl Marx - Biographie de Karl Marx. Plus sur cette citation
1 Maintenant, en ce qui me concerne, ce nâest pas Ă moi que revient le mĂ©rite dâavoir dĂ©couvert lâexistence des classes dans la sociĂ©tĂ© moderne, pas plus que la lutte quâelles sây livrent. Des historiens bourgeois avaient exposĂ© bien avant moi lâĂ©volution historique de cette lutte des classes et des Ă©conomistes bourgeois en avaient dĂ©crit lâanatomie Ă©conomique [1]. » Pendant des dĂ©cennies, de nombreux ouvrages ont citĂ© ou paraphrasĂ© ces lignes issues dâune lettre de 1852 rĂ©digĂ©e par Karl Marx et adressĂ©e Ă son ami Joseph Weydemeyer. Marx y affirmait sa dette intellectuelle Ă lâĂ©gard des historiens libĂ©raux Ă qui il aurait empruntĂ© lâidĂ©e de comprendre lâhistoire des sociĂ©tĂ©s Ă travers le prisme de la lutte des classes. Ironisant sur les hommes politiques dĂ©mocrates » de son temps, Marx prĂ©cisait son propos dans le mĂȘme courrier en affirmant que ces messieurs devraient par exemple Ă©tudier les Ćuvres de Thierry, Guizot, John Wade, etc., et acquĂ©rir quelques lumiĂšres sur lâhistoire des classesâ dans le passĂ© [2] ». Ce courrier est dâautant plus cĂ©lĂšbre quâil contenait Ă©galement une des rares mentions explicites dans son Ćuvre de la dictature du prolĂ©tariat [3] ». Une deuxiĂšme correspondance, cette fois-ci adressĂ©e Ă Friedrich Engels deux ans plus tard, Ă©voque spĂ©cifiquement Augustin Thierry comme le pĂšre de la lutte des classesâ dans lâhistoriographie française [4] » Ă lâoccasion de la parution dâun ouvrage, lâEssai sur lâhistoire de la formation et des progrĂšs du Tiers-Ătat [5]. 2 Ăvoquer Augustin Thierry comme pĂšre de la lutte de classes » devient au vingtiĂšme siĂšcle une des formules passe-partout de lâhistoire du marxisme. Ces deux citations ont mĂȘme fait autoritĂ© car, comme le rappelle Eric Hobsbawm, bien que la conception matĂ©rialiste de lâhistoire au centre du marxisme, et que tout ce quâa Ă©crit Marx soit imprĂ©gnĂ© dâhistoire, il nâa pas lui-mĂȘme Ă©crit beaucoup dâhistoire, dans le sens oĂč lâentendent les historiens [6] ». Tout manuel ou article rĂ©sumant la conception matĂ©rialiste de lâhistoire » ou faisant rĂ©fĂ©rence aux origines du concept de luttes de classes » chez Marx pouvait difficilement faire lâĂ©conomie dâune allusion, mĂȘme et souvent succincte, Ă Augustin Thierry. Ce dernier ayant Ă©tĂ© par ailleurs le secrĂ©taire de Saint-Simon entre 1814 et 1817, la filiation avec le socialisme utopique » Ă©tait assurĂ©e [7]. Des gĂ©nĂ©rations se sont ainsi succĂ©dĂ©es en rĂ©pĂ©tant combien Marx avait puisĂ© dans lâĆuvre de Thierry et dâautres historiens libĂ©raux principalement Guizot, Mignet et Thiers. 3 Pourtant, qui a lu au vingtiĂšme siĂšcle le texte auquel Marx faisait alors explicitement rĂ©fĂ©rence, lâEssai sur lâhistoire de la formation et des progrĂšs du Tiers-Ătat, ainsi que les autres ouvrages sur lâhistoire de France dont Marx avait pris connaissance ? LâEssai [8] en question nâa pas Ă©tĂ© rééditĂ© en France depuis la mort de Karl Marx [9]. LâĆuvre de Thierry sâefface avec lâhistoire scientifique qui sâaffirme sous la TroisiĂšme RĂ©publique. 4 Une simple confrontation des Ćuvres publiĂ©es de Thierry et Marx sur lâhistoire aurait dĂ©jĂ en soi un intĂ©rĂȘt quâest-ce que qui au fond, a valu les louanges de Marx au-delĂ la formule consacrĂ©e sur le pĂšre » de la lutte des classes ? Mais au moins deux autres raisons justifient une Ă©tude plus approfondie. En premier lieu, lâĂ©dition par la MEGA des notes prises par Marx sur lâEssai de Thierry permet de mieux connaĂźtre ce quâil a retenu de sa lecture [10]. Par ailleurs lâĆuvre dâAugustin Thierry, largement oubliĂ©e pendant des dĂ©cennies, fait lâobjet dâun regain dâintĂ©rĂȘt. AmorcĂ© dans les annĂ©es 1980 avec un article de Marcel Gauchet dans Les Lieux de mĂ©moires de Pierre Nora â qui soulignait dâailleurs avec un certain mĂ©pris la piĂ©tĂ© filiale » des marxistes Ă lâĂ©gard dâAugustin Thierry [11] â ce renouveau est plus affirmĂ© depuis quelques annĂ©es avec la mise en question du roman national ». Lâhistorien Sylvain Venayre a par exemple publiĂ© un ouvrage marquant Ă ce sujet, Les Origines de la France. Quand les historiens inventaient la nation [12]. Dans un contexte de crise de lâidentitĂ© » française, lâouvrage prĂ©sente les rĂ©cits fondateurs de lâhistoire de France publiĂ©s au cours du xix e siĂšcle, en faisant la part belle aux ouvrages dâAugustin Thierry. NĂ©anmoins, contrecoup logique des affirmations dogmatiques de naguĂšre, les spĂ©cialistes actuels des rĂ©cits nationaux du xix e siĂšcle ont globalement abandonnĂ© lâidĂ©e de mettre en perspective Marx et Augustin Thierry, au point dâen oublier lâinfluence capitale du second sur le premier. JoĂ«lle Dusseau relĂšve Ă juste titre cette absence surprenante dans la production historiographique contemporaine 5 Si les grands systĂšmes explicatifs de lâhistoire de France sont prĂ©sentĂ©s de maniĂšre extrĂȘmement prĂ©cise, aucun Ă©cho nâest donnĂ© Ă lâhistoire marxiste, alors que Marx et Engels sont obnubilĂ©s par lâhistoire et, notamment Marx, par lâhistoire de France lue Ă travers la lutte des classes [13]. 6 Les Origines de la France nây fait en effet pas la moindre allusion. Pourtant toute une rĂ©flexion sur Michel Foucault et la gĂ©nĂ©alogie historique Ă partir de sa lecture dâAugustin Thierry clĂŽt lâouvrage. Dans ce contexte, il paraĂźt dâautant plus nĂ©cessaire de restituer ce que Marx a rĂ©ellement empruntĂ© au pĂšre de la lutte de classes ». Marx, lecteur dâAugustin Thierry 7 Alors quâil vient dâachever son essai historique sur le bonapartisme Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte, quâa donc lu Marx de lâhistorien français lorsquâil affirme pour la premiĂšre fois une dette Ă son Ă©gard ? Que son sĂ©jour Ă Paris au dĂ©but des annĂ©es 1840 lâait familiarisĂ© avec la littĂ©rature historique des libĂ©raux français ne fait aucun doute. Que ses manuscrits de Kreuznach, les premiĂšres versions du Manifeste du parti communiste, puis le Manifeste lui-mĂȘme portent la trace de lâinfluence de ces historiens prĂ©sentant les processus historiques et notamment les rĂ©volutions de lâĂ©poque moderne anglaise et française en termes de lutte de classes, est peu contestable, et nâest plus Ă dĂ©montrer [14]. Signe de cette forte empreinte, aprĂšs le reflux des rĂ©volutions europĂ©ennes de 1848, Marx publie un compte-rendu critique sur un ouvrage de Guizot relatif aux rĂ©volutions anglaises [15]. 8 NĂ©anmoins, Ă consulter les brouillons et notes publiĂ©es par la MEGA â notamment ceux de Kreuznach â si Marx cite ou copie de brefs passages des Lettres sur lâhistoire de France dâAugustin Thierry [16], il le fait alors uniquement Ă partir de citations traduites en allemand provenant de lâouvrage dâun historien, Ernst Alexander Schmidt, Geschichte von Frankreich [17]. Marx Ă©voque lâĂ©mergence des communes mĂ©diĂ©vales et la place que la bourgeoisie a occupĂ©e dans ce processus, mais il nây a pas trace dâune analyse un peu significative de lâĆuvre dâAugustin Thierry. AprĂšs son sĂ©jour parisien, Marx a pu prendre connaissance dâautres travaux en consultant la traduction dâune partie dâun ouvrage sur lâhistoire du Tiers-Ătat en 1847 [18]. Le traducteur de Thierry, Friedrich Hermann Semmig, est dâailleurs longuement citĂ© et critiquĂ© par Marx et Engels dans LâIdĂ©ologie allemande, notamment son article sur communisme, socialisme et humanisme [19] ». Ă ce stade, il est difficile de rendre compte de ce que Marx a pu lire ou retenir de Thierry faute de notes prĂ©cises, de compte-rendus ou de rĂ©fĂ©rences explicites Ă tel ou tel dĂ©veloppement. Dâautant plus que dans les deux contributions historiques oĂč il analyse concrĂštement les luttes de classes en France Les Luttes de classes en France en 1848-1850 et Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte, Marx ne mentionne pas explicitement son legs Ă Augustin Thierry. 9 Ce nâest quâen 1854 que Marx semble avoir lu intĂ©gralement un ouvrage dâAugustin Thierry. Dans un contexte international tendu, Marx prend nombre de notes sur lâhistoire de la diplomatie europĂ©enne ; câest lâĂ©poque de sa collaboration rĂ©guliĂšre au New York Daily Tribune. Il ne semble pas alors avoir lu la premiĂšre version de lâEssai de Thierry, parue en livraison dans la Revue des deux mondes en 1850. Sa parution sous forme dâouvrage sĂ©parĂ© trois ans plus tard ne le laisse en revanche pas indiffĂ©rent. 10 Comment expliquer cette attention subite ? AprĂšs plusieurs dĂ©cennies de recherches, lâhistorien français publie une synthĂšse de ses travaux sur lâhistoire de la formation du Tiers-Ătat. CentrĂ©es Ă lâorigine sur une histoire des races et des conquĂȘtes â opposant Gaulois, peuple conquis devenu le Tiers-Ătat et Francs Ă lâorigine de lâaristocratie â les Ćuvres de Thierry soulignent Ă©galement lâimportance du contenu social de ces luttes, dâoĂč lâattention de Marx depuis la parution des Lettres sur lâhistoire de France. Dans son Essai de 1850, Thierry rend compte de la longue montĂ©e en puissance de la bourgeoisie sur plusieurs siĂšcles. Ăvoquant le mouvement des communes du xii e siĂšcle comme une vĂ©ritable rĂ©volution [20] », il dĂ©crit avec passion la montĂ©e en puissance de certaines dâentre elles, notamment de la ville dâAmiens. LâĆuvre fut longue, il ne fallut pas moins de six siĂšcles pour lâaccomplir [21] » ; le rĂšgne de Louis xiv est pensĂ© comme un moment dâunification administrative rationnelle, que parachĂšve le mouvement rĂ©volutionnaire de 1789. 11 Lâexaltation hĂ©roĂŻque de la RĂ©volution nâest plus de saison. Entre les annĂ©es 1820 et le dĂ©but des annĂ©es 1850, lâĂ©volution de sa lecture de lâhistoire est en effet notable. LibĂ©ral oppositionnel dans les annĂ©es 1820, Thierry est devenu dĂ©sormais conservateur, effrayĂ© par les poussĂ©es Ă©galitaires des socialistes aprĂšs les rĂ©volutions de 1848. Comme le souligne Sylvain Venayre, au soir de sa vie, lâhistorien entendait rĂ©affirmer vigoureusement que le Tiers-Ătat Ă©tait la nation tout entiĂšre â et pas seulement cette classe bourgeoise que les socialistes dĂ©nonçaient comme la dĂ©tentrice des privilĂšges contemporains [22] ». Câest donc au moment oĂč Thierry se rĂ©vĂšle ĂȘtre conservateur quâil est lu avec le plus dâattention par Marx. Dans sa cĂ©lĂšbre lettre Ă Engels, Marx ironise dâailleurs sur la contradiction entre ses premiers Ă©crits et lâhomogĂ©nĂ©itĂ© du Tiers-Ătat dĂ©sormais prĂ©sentĂ©e par Thierry 12 Câest curieux de voir comment ce monsieur, qui est le pĂšre de la lutte de classes » dans lâhistoriographie française, se dĂ©chaĂźne dans sa prĂ©face contre les Jeunes historiens » qui voient, eux aussi, maintenant un antagonisme entre la bourgeoisie et le prolĂ©tariat, et veulent dĂ©couvrir dĂ©jĂ des traces de cette opposition spĂ©cifique dans lâhistoire du tiers-Ă©tat jusquâen 1789 [23]. 13 Lâattention que Marx a portĂ©e Ă cet ouvrage est incontestable. Ses nombreuses notes prĂ©cĂšdent la caractĂ©risation de pĂšre de la lutte de classes ». Les rares rĂ©flexions explicites quâelles contiennent sont dĂ©veloppĂ©es dans sa lettre Ă Engels ces notes ne constituent pas en effet en tant que tel un texte cohĂ©rent et neuf, dâautant que leur lecture est ardue avec le mĂ©lange de trois langues ; les citations sont tantĂŽt recopiĂ©es du français, tantĂŽt traduites librement vers lâallemand ou lâanglais, souvent pour accentuer une idĂ©e mentionnĂ©e dans lâouvrage de Thierry [24]. Mais une lecture attentive de lâEssai confrontĂ©e aux notes de Marx fait nĂ©anmoins apparaĂźtre des prĂ©occupations historiques majeures, en tout premier lieu lâattention Ă la formation dâune classe sociale sur le long terme. Outre des notes sur les rivalitĂ©s entre noblesse et bourgeoisie au xvii e siĂšcle, notamment Ă lâoccasion de la rĂ©union des Ătats gĂ©nĂ©raux de 1614, Marx sâarrĂȘte sur lâhistoire des communes mĂ©diĂ©vales et le lien que celles-ci entretiennent avec lâĂ©mergence de la bourgeoisie, deux thĂšmes dĂ©jĂ retenus dans ses notes de Kreuznach. Ă la commune correspondrait une premiĂšre apparition dâune pensĂ©e politique des classes roturiĂšres [25] » voire lâĂ©mergence dâune communautĂ© dĂ©mocratique [26] ». Ă plusieurs reprises Marx relĂšve la portĂ©e rĂ©volutionnaire de ce mouvement au xii e siĂšcle, la premiĂšre rĂ©volution [27] ». Le Tableau de lâancienne France municipale » et la Monographie de la constitution communale dâAmiens » â deux annexes Ă lâouvrage de lâEssai â sont trĂšs attentivement lus et forment la partie la plus importante des notes. En rĂ©sumĂ©, malgrĂ© quelques rĂ©serves, comme lâaffirme Marx dans sa lettre Ă Engels ce quâil [Thierry] dĂ©veloppe et souligne bien, câest le caractĂšre conspirateur et rĂ©volutionnaire des municipalitĂ©s du xii e siĂšcle [28] ». 14 LâĂ©cho avec les prĂ©occupations du milieu du xix e siĂšcle est manifeste. Marx note Analogie dans la sĂ©rie des rĂ©volutions municipales du xii e siĂšcle avec le mouvement constitutionnel au xix e. Lâimitation y joua un rĂŽle considĂ©rable [29]. » La question de la rĂ©volution communale » est en effet un topos de lâhistoire et de la pensĂ©e politique du xix e siĂšcle [30]. La thĂ©matique de lâĂ©mergence des villes et leur sĂ©paration des campagnes est significativement prĂ©sente de LâIdĂ©ologie allemande au Capital en passant par les Grundrisse [31]. Si Marx ne propose pas de conception prĂ©cise et dĂ©finie de la sociĂ©tĂ© mĂ©diĂ©vale [32], la densitĂ© de ses notes sur le sujet conduit Ă penser quâil les rĂ©servait pour une Ă©tude approfondie de lâhistoire des communes, dâautant que son dernier grand projet dâhistoire mondiale comprend Ă©galement dâimportantes mentions sur la mĂȘme pĂ©riode [33]. Le souligner nâa pas quâun intĂ©rĂȘt philologique cela permet dâinfirmer notamment la critique de Raymond Aron, souvent reprise par lâhistoriographie dominante, pour mesurer lâimportance de ces remarques sur les siĂšcles antĂ©rieurs Ă la rĂ©volution industrielle. Aron soulignait en effet que la lutte des classes » marxiste concernait au mieux les sociĂ©tĂ©s industrielles contemporaines, mais nâavait pas dâintĂ©rĂȘt pour comprendre les siĂšcles antĂ©rieurs. Ă lâappui de cette thĂšse, il formulait lâaffirmation suivante 15 En fait, quelles Ă©taient les classes sociales dans les sociĂ©tĂ©s industrielles, en quoi diffĂ©raient-elles de celles des sociĂ©tĂ©s prĂ©-industrielles ? Ces questions nâintĂ©ressaient pas grandement Marx [âŠ]. Ce qui lâintĂ©ressait avant tout, câĂ©tait une certaine philosophie de lâhistoire, une certaine interprĂ©tation de la sociĂ©tĂ© capitaliste [34]. 16 Or si lâon retient lâidĂ©e de lâĂ©mergence dâune nouvelle modernitĂ© socio-politique [35] » Ă partir des communes mĂ©diĂ©vales italiennes, le mouvement français du xii e â certes diffĂ©rent et en retrait du point de vue des pratiques dĂ©mocratiques â constitue bien un Ă©lĂ©ment dâinterrogation historique pour Marx, puisquâil sâagit de penser les luttes de classes sur la longue durĂ©e. Dans le contexte du dĂ©but des annĂ©es 1850, aux perspectives assombries suite au terrible Ă©chec des rĂ©volutions de 1848, cette attention aux communes rĂ©vĂšle une prĂ©occupation â et aussi une tension â quant Ă lâĂ©criture de lâhistoire des luttes sociales si la rĂ©volution municipale » ne fait quâanticiper un vaste mouvement parachevĂ© en 1789, un mouvement comme la RĂ©volution française de 1789-1794 ou de 1848 peut-il ĂȘtre finalement considĂ©rĂ© comme un moment de rupture spĂ©cifique ? Il ne sâagirait plus dâĂ©tudier et de valoriser un moment rĂ©volutionnaire mais bien de voir comment, Ă lâĂ©chelle des siĂšcles, se dĂ©roulent les conflits sociaux et politiques et de comprendre comment la complexitĂ© de ceux-ci expriment des luttes de classes. Dans son Essai, Augustin Thierry minimise, on lâa dĂ©jĂ soulignĂ©, la rupture de 1789 ; il estime finalement que lâhistoire du progrĂšs de la libertĂ©, depuis le xii e siĂšcle, devait tout autant Ă lâaction de la royautĂ© quâĂ celle du Tiers-Ătat [36] ». Marx le relĂšve lui aussi Ă plusieurs reprises dans ses notes sur lâEssai le travail de la sociĂ©tĂ© française depuis le xii e siĂšcle aboutit Ă la monarchie absolue, son second point de dĂ©part [37] » ou encore le cahier du Tiers-Ătat de 1615 propose une vaste programme de rĂ©formes, dont les unes sont exĂ©cutĂ©es par les grands ministres du xvii e siĂšcle, les autres en 1789 [38] ». Dans sa lettre Ă Engels, Marx revient dans le mĂȘme esprit sur la formation de lâĂtat français ce quâil [Thierry] dĂ©crit joliment, mais de façon peu synthĂ©tique, câest 1. comment, dâemblĂ©e, du moins Ă partir de lâessor des villes, la bourgeoisie française doit une trop grande part de son influence au fait quâelle se constitue en Parlement, quâelle forme une bureaucratie [39] ». FondĂ©e lĂ encore sur Thierry, cette attention Ă lâhistoire de lâĂtat français et de sa bureaucratisation sâinscrit dans la continuitĂ© de lâanalyse quâil propose deux ans plus tĂŽt dans Le 18 Brumaire, oĂč il soulignait la continuitĂ© de lâĂtat français Ă lâĂ©chelle de plusieurs siĂšcles 17 Ce pouvoir exĂ©cutif, avec son immense organisation bureaucratique et militaire [âŠ] qui recouvre comme dâune membrane le corps de la sociĂ©tĂ© française et en bouche tous les pores, se constitua Ă lâĂ©poque de la monarchie absolue, au dĂ©clin de la fĂ©odalitĂ©, quâil aida Ă renverser. [âŠ] La premiĂšre RĂ©volution française, qui se donna pour tĂąche de briser tous les pouvoirs indĂ©pendants, locaux, territoriaux, municipaux et provinciaux, pour crĂ©er lâunitĂ© civique de la nation, devait nĂ©cessairement dĂ©velopper lâĆuvre commencĂ©e par la monarchie absolue la centralisation, mais, en mĂȘme temps aussi, lâĂ©tendue, les attributs et lâappareil du pouvoir gouvernemental. NapolĂ©on acheva de perfectionner ce mĂ©canisme dâĂtat [40]. 18 Cette prĂ©occupation, souvent soulignĂ©e par les commentateurs de Marx pour la rapprocher de la thĂšse de Tocqueville dans LâAncien RĂ©gime et la RĂ©volution, insistant sur la continuitĂ© entre la monarchie et la RĂ©volution, nâa donc rien de purement conjoncturelle [41]. Marx prĂ©cise dâailleurs, toujours dans sa lettre de 1854, la façon dont on doit envisager la comprĂ©hension de la formation et de la domination dâune classe sur le long terme 19 On pourrait trĂšs bien montrer, en sâappuyant sur son exposĂ© [celui de Thierry], comment naĂźt la classe tandis que disparaissent les diffĂ©rentes formations Formen dans lesquelles se situe Ă diffĂ©rentes Ă©poques son centre de gravitĂ©, et que dĂ©pĂ©rissent les diffĂ©rentes fractions qui, grĂące Ă ces formations, atteignent une certaine influence. Cette suite de mĂ©tamorphoses, jusquâĂ ce quâon en arrive Ă la domination de la classe, Ă mon avis, personne ne lâa encore dĂ©crite ainsi â du moins quant au contenu [42]. 20 Ces formations » sont notamment, prĂ©cise Marx, les maĂźtrises et jurandes, les formations au sein desquelles se dĂ©veloppe la bourgeoisie industrielle [43] ». Ce passage est trĂšs significatif de ce que Marx entend analyser comme lutte de classes » dans lâhistoire Ă partir des notes prises sur Thierry envisagĂ©es comme des moments dâun processus multiforme, elles seraient aux fondement dâune Ă©tude novatrice sur la domination [dâune] classe ». 21 La lecture de Thierry sâavĂšre pour Marx incontestablement fĂ©conde. Et malgrĂ© la citomanie » sur le pĂšre de la lutte de classes », peu semblent avoir remarquĂ© ce qui semble ĂȘtre de prime abord un paradoxe Marx, en mettant en avant Thierry au milieu des annĂ©es 1850, se dĂ©marque radicalement de lâhistoriographie rĂ©publicaine française. FascinĂ© par lâhistoire des siĂšcles antĂ©rieurs, dans un contexte oĂč lâopposition entre classes improductives et pillardes et classes productives roturiĂšres constitue un topos frĂ©quemment dĂ©veloppĂ© par les historiens français, Marx se montre peu sensible Ă la fresque rĂ©volutionnaire la plus cĂ©lĂšbre de lâĂ©poque â et la plus durable au niveau Ă©ditorial â celle de Jules Michelet. En effet, lorsque Marx lit Thierry, lâHistoire de la RĂ©volution française de Michelet vient dâachever sa parution 1847-1852. LâĆuvre sera consacrĂ©e par la TroisiĂšme RĂ©publique, quand Augustin Thierry sera, lui, progressivement oubliĂ©. Il nây a pourtant pas une seule ligne de Marx sur Michelet, le premier Ă©tant probablement peu sensible au ton lyrique et Ă lâexaltation dâun peuple » rĂ©volutionnaire oĂč les contradictions de classes nâont pas leur place, et sont dĂ©libĂ©rĂ©ment ignorĂ©es⊠Quant au socialiste Louis Blanc, dont on peut considĂ©rer quâil fut un des premiers Ă dĂ©velopper lâĂ©rudition qui sera au cĆur de lâhistoriographie universitaire de la rĂ©volution [44], son Histoire de la rĂ©volution française 1847-1865 a Ă©tĂ© rejetĂ©e radicalement et explicitement par Marx. SĂ©vĂ©ritĂ© Ă lâĂ©gard de Louis Blanc, mĂ©pris implicite pour Michelet ce sont finalement les intuitions de lâancien libĂ©ral sur les diffĂ©rentes formations » qui ont bien davantage aiguisĂ© la curiositĂ© de Karl Marx. Augustin Thierry et lâinvention dâune tradition 22 Aussi brĂšves soient les remarques de Marx sur Thierry, celles-ci sont pourtant loin dâavoir toutes connues les mĂȘmes faveurs chez les historiens marxistes. Si la formule de pĂšre de lutte de classes » devient canonique au vingtiĂšme siĂšcle, le second passage de la lettre Marx sur les formations des classes â qui sâaccommode mal dâune approche binaire rĂ©sumant la lutte de classes Ă lâopposition de deux camps facilement identifiables â a Ă©tĂ© souvent escamotĂ©. Dans la totalitĂ© des manuels soviĂ©tiques publiĂ©s en langues Ă©trangĂšres, lorsquâest abordĂ©e la conception de lâhistoire de Marx, la suite de mĂ©tamorphoses » des classes brille par son absence. Par exemple, la biographie collective de Marx publiĂ©e aux Ă©ditions du ProgrĂšs [45] de mĂȘme que lâHistoire de France en trois volumes rĂ©digĂ©e par des historiens soviĂ©tiques [46] relĂšve les insuffisances de Thierry, tout en mentionnant son statut de pĂšre de la lutte de classes ». Mais on ne retrouve aucune allusion Ă la deuxiĂšme partie de la lettre sur les formations ». La mĂȘme remarque sâapplique Ă de nombreux textes Ă©voquant le lien unissant Karl Marx Ă Augustin Thierry. Lâhistorien dâinspiration marxiste de la RĂ©volution française Albert Soboul, dans un article oĂč il expose parentĂ©s dâanalyses et filiations entre Jean JaurĂšs, Albert Mathiez et Georges Lefebvre, mentionne lâimportance de Thierry pour Marx comme pĂšre de la lutte de classes », mais sans citer cette autre partie de la lettre Ă Engels [47]. 23 Il est donc nĂ©cessaire de comprendre comment et pourquoi, aprĂšs la mort de Marx, on a reconstituĂ© un rapport spĂ©cifique Ă lâĆuvre dâAugustin Thierry Ă partir de quelques citations abrĂ©gĂ©es. Emmanuel Renault, Ă©tudiant mĂ©ticuleusement la prĂ©sence explicite de la dialectique dans les textes de Marx â moins importante que ne le veut la tradition marxiste qui sâest fondĂ©e sur quelques extraits â souligne que tout autant que les questions de lâaliĂ©nation et du matĂ©rialisme, celle de la dialectique est prise dans le processus dâinvention par le marxisme de sa propre tradition [48] ». La mĂȘme remarque sâapplique Ă la lutte de classes » et Ă son pĂšre » supposĂ©. En effet, lâApparat du volume de la MEGA signale clairement le nombre trĂšs faible dâoccurrences Ă Augustin Thierry dans toute lâĆuvre de Marx. Un tour dâhorizon des ouvrages et brouillons de Marx y compris chez Engels aprĂšs 1883 le confirme dans tous les cas, trĂšs peu de mentions dâAugustin Thierry lâAnti-DĂŒhring ne contient pas par exemple la moindre allusion Ă lâhistorien français. Friedrich Engels Ă©voque certes ponctuellement Thierry et les autres historiens libĂ©raux dans une sĂ©rie de lettres Ă ses correspondants au dĂ©but des annĂ©es 1890, mais elles ne contiennent aucun dĂ©veloppement ni formulation significative sur son Ćuvre. 24 Marx ayant fait trĂšs peu dâemprunts explicites Ă Thierry, Ă partir de quand a-t-on considĂ©rĂ© et rĂ©pĂ©tĂ© quâun lien fort les unissait ? Le marxisme a créé cette association et ce lien indĂ©fectible entre Marx et Thierry selon un processus plus complexe quâil nây paraĂźt. Lâexplication la plus Ă©vidente serait la reprise par les hĂ©ritiers proclamĂ©s de Marx et Engels et les vulgates successives des citations des deux lettres de Marx et Engels pour instituer Augustin Thierry comme pĂšre de la lutte de classes ». Or la majeure partie de la correspondance entre Marx et Engels nâest pas publiĂ©e avant 1913 [49]. La lettre de 1852 Ă Weydemeyer a paru pour la premiĂšre fois en 1906 dans la Neue Zeit, la revue thĂ©orique de la social-dĂ©mocratie allemande [50] ; la seconde nâest rendue publique que dans le deuxiĂšme volume de correspondances paru en 1913. La conclusion paraĂźt sâimposer câest la tradition communiste ultĂ©rieure qui, aprĂšs la rĂ©volution russe, instaure Augustin Thierry comme rĂ©fĂ©rence Ă partir des deux lettres de Marx exhumĂ©es quelques annĂ©es plus tĂŽt, sans que personne ne sache exactement ce que Marx a lu avec prĂ©cision dâAugustin Thierry, faute dâanalyses de ses notes. 25 Une Ă©tude des publications de ceux qui sâemployĂšrent Ă populariser le marxisme aprĂšs la mort Marx sous la forme de brochures, confĂ©rences, et articles pour expliquer les luttes de classes et leur rĂŽle dans lâhistoire, fait pourtant apparaĂźtre une filiation moins Ă©vidente. Sâil est exact quâune orthodoxie commune des DeuxiĂšme et TroisiĂšme Internationales fige un certain marxisme comme lâa montrĂ© AndrĂ© Tosel [51], pour autant la singularitĂ© de la pĂ©riode 1880-1910 ne doit pas ĂȘtre minimisĂ©e, ne serait-ce quâen raison de la disponibilitĂ© trĂšs partielle de lâĆuvre de Marx. Or une consultation des Ćuvres des principaux thĂ©oriciens marxistes avant 1914 rĂ©vĂšle que, avant la connaissance des lettres de Marx, Georges Plekhanov se rĂ©fĂšre rĂ©guliĂšrement Ă Augustin Thierry. 26 Plekhanov fut un des artisans de lâinvention de ce marxisme dans les annĂ©es 1880-1900. Son influence â considĂ©rable parmi les sociaux-dĂ©mocrates russes â dĂ©passait ce premier cercle, nombre de ses contributions historiques furent en effet traduites de son vivant dans de multiples langues, notamment en français et allemand. LĂ©nine â qui ne mentionne jamais Augustin Thierry â a toujours reconnu une dette Ă son Ă©gard comme fondateur du marxisme russe, permettant son intĂ©gration ultĂ©rieure dans le marxisme soviĂ©tique et ce en dĂ©pit des choix politiques de Plekhanov, favorable aux mencheviks [52]. 27 Aucun autre dirigeant de la DeuxiĂšme Internationale nâa consacrĂ© autant de lignes aux historiens libĂ©raux, et notamment Ă Augustin Thierry. Plekhanov a notamment Ă©crit un article spĂ©cifique sur ce thĂšme Augustin Thierry et la conception matĂ©rialiste de lâhistoire [53] », publiĂ© en français dans LâĂre nouvelle, la premiĂšre revue thĂ©orique marxiste française [54]. Il y rend un hommage appuyĂ© Ă lâhistorien. Outre cet article, dans plusieurs contributions souvent des brochures ou des retranscriptions de formations militantes, Plekhanov Ă©voque avec enthousiasme Augustin Thierry et plusieurs de ouvrages [55]. Il renvoie alors Ă la prĂ©face de la seconde Ă©dition russe du Manifeste du parti communiste publiĂ© en 1900 dont il est lâauteur. Alors que ni Marx ni Engels nâĂ©voquent jamais dans le Manifeste ou dans leurs prĂ©faces rĂ©digĂ©es de leur vivant Augustin Thierry, Georges Plekhanov revient au contraire longuement sur son Ćuvre, Ă lâorigine selon lui de la conception marxiste de la lutte de classes. Câest donc dĂšs 1900 quâAugustin Thierry est devenu une rĂ©fĂ©rence pour les marxistes, bien avant que les citations cĂ©lĂšbres » de Marx ne soient connues [56]. 28 Dans sa prĂ©face au Manifeste, Plekhanov Ă©voque la rĂ©vĂ©lation que reprĂ©sentent pour les sociaux-dĂ©mocrates les rĂ©cits historiques de Thierry 29 Ce point de vue nouveau, le point de vue de lâintĂ©rĂȘt social ou de classe, se combinant avec lâattachement Ă ces pĂšres » qui avaient supportĂ©, pendant des siĂšcles, le poids de la lutte contre les classes privilĂ©giĂ©es, devait nĂ©cessairement amener Ă prendre conscience de lâimportance historique considĂ©rable de la lutte dâintĂ©rĂȘts entre les diverses classes sociales, bref, de la lutte des classes [57]. 30 De Thierry, Plekhanov retient surtout une opposition binaire entre deux classes en luttes. Sâil lui reproche dâen ĂȘtre restĂ© trop souvent Ă une lutte entre races », de fait Plekhanov fige surtout une conception assez simpliste de la lutte des classes â il faut le rappeler, Ă des fins militantes et pĂ©dagogiques de popularisation du marxisme â en reprenant les aspects les plus tranchants de plusieurs ouvrages de lâhistorien français. Le paradoxe câest que, par rapport Ă Marx, Plekhanov retient des conclusions plutĂŽt Ă©troites Ă partir dâune connaissance pourtant plus Ă©tendue des ouvrages de Thierry. Marx nâa en effet pas lu avec la mĂȘme attention ces derniers et ne les cite jamais dans des textes publiĂ©s de son vivant. NĂ©anmoins il perçoit dans lâEssai sur les progrĂšs et lâhistoire de la formation du Tiers-Ătat les prĂ©misses dâune mĂ©thode susceptible de saisir les mĂ©tamorphoses historiques successives dâune classe, prĂ©occupation globalement Ă©trangĂšre au thĂ©oricien russe, presque entiĂšrement concentrĂ© sur lâefficacitĂ© politique immĂ©diate des lutte de classes ». 31 Cette Ă©troitesse de Plekhanov ne doit pas pour autant masquer un autre aspect quâil retient de la lecture Augustin Thierry. Il insiste Ă plusieurs reprises sur la dynamique dont est porteur son rĂ©cit du Tiers-Ătat 32 Augustin Thierry revient sur cette question en montrant que les Français nâont pas encore de vĂ©ritable histoire de leur peuple. Lâhistoire des citoyens, des sujets reste Ă Ă©crire [âŠ]. Le mouvement des masses populaires vers la libertĂ© et le bonheur matĂ©riel constitue un spectacle bien plus grandiose que les guerres de conquĂȘte [58]. 33 Quelques pages plus loin, il souligne encore les tirades Ă©loquentes » de lâhistorien français expression faisant penser Ă la formule il dĂ©crit joliment » de Marx qui font bien voir comment la prise de conscience du Tiers-Ătat a entraĂźnĂ©, en France, un changement radical dans les idĂ©es des historiens [59] ». Nourri des lectures de Thierry comme des autres historiens de son temps, Plekhanov est Ă©merveillĂ© par le modĂšle de rĂ©cit des luttes de classes quâelles suggĂšrent. Il faut reprendre au profit du prolĂ©tariat le dĂ©fi que sâĂ©tait fixĂ© Thierry pendant la Restauration pour le peuple français » ; comme le souligne AurĂ©lien Aramini, le peuple français ne dispose pas encore dâun rĂ©cit historique dont il pourrait tirer une leçonâ susceptible de le guider dans son rĂŽle politique imminentâ tel est le problĂšme indissolublement Ă©pistĂ©mologique et politique qui sâimpose Ă Augustin Thierry [60] ». Plus quâun simple pĂšre de la lutte des classes » auquel les marxistes emprunteraient une mĂ©thode opposant le Tiers-Ătat Ă la noblesse pour lâappliquer Ă la lutte contemporaine entre bourgeoisie et prolĂ©tariat, Thierry apparaĂźt comme celui qui a dĂ©couvert ce dont une classe doit se doter pour prĂ©tendre Ă la domination une histoire propre, singuliĂšre et glorieuse. Si, chez Thierry, les rĂ©volutions communales anticipent 1789, alors pour les socialistes mouvements populaires et luttes de classes peuvent ĂȘtre aussi compris, mutatis mutandis, comme une anticipation des mouvements prolĂ©tariens. Lâhistorien français fournit ainsi, bien contre son grĂ©, un modĂšle dâĂ©criture Ă ceux quâil dĂ©nonçait de toutes ses forces au soir de sa vie. Les premiers grands rĂ©cits » de la DeuxiĂšme Internationale â construits notamment par Plekhanov â en hĂ©ritent. MĂȘme assĂ©chĂ© par une forme de scientisme rendant austĂšre et peu vivant son regard sur lâhistoire, le marxisme des annĂ©es 1880 ne perdra jamais totalement de vue lâexaltation hĂ©roĂŻque de lâĂ©popĂ©e dâun groupe social Ă travers les siĂšcles. Ăcriture de lâhistoire et lutte de classes 34 En caractĂ©risant Augustin Thierry comme pĂšre de la lutte de classes », Marx ouvrait-il la voie Ă une approche surplombante et lapidaire, peu Ă mĂȘme de saisir la spĂ©cificitĂ© des situations historiques et des luttes sociales ? Lâexemple de Plekhanov tendrait Ă le suggĂ©rer, mĂȘme sâil nâeĂ»t pas besoin de connaĂźtre la formule marxienne pour ĂȘtre fascinĂ© par lâhistorien français. Encore faut-il resituer ce simplisme dans un moment historique, celui de la dĂ©couverte de lâhistoire des luttes populaires, exclues jusquâalors des rĂ©cits nationaux officiels. Lâapplication Ă lâhistoire des sociĂ©tĂ©s du concept de lutte des classes, mĂȘme fortement teintĂ© de schĂ©matisme, permis de dĂ©velopper comme le souligne Eric Hobsbawm, des charges concentrĂ©es dâexplosif intellectuel, conçues pour dĂ©truire des parties cruciales de lâhistoire traditionnelle, et donc immensĂ©ment puissantes â peut-ĂȘtre plus puissantes que ne lâauraient Ă©tĂ© des versions moins simplistes du matĂ©rialisme historique, et certainement assez puissantes par leur capacitĂ© Ă Ă©clairer des endroits jusque-lĂ obscurs pour satisfaire les historiens pendant trĂšs longtemps [61] ». En ce sens cette histoire primitive » des luttes des classes, inspirĂ©e dâAugustin Thierry, eut son efficacitĂ©, avant que la rĂ©pĂ©tition dâaffirmations dogmatiques ne devienne un frein Ă la comprĂ©hension des processus historiques. 35 Quant aux dĂ©veloppements et notes de Marx sur Thierry, remis dans leur contexte dâĂ©criture, ils rĂ©vĂšlent les difficultĂ©s inhĂ©rentes Ă lâĂ©criture dâune histoire des luttes de classes. François Furet soulignait avec ironie les contradictions de la lecture marxienne de lâhistoire â notamment son absence de vision cohĂ©rente de la RĂ©volution française â et lâimpossible Ă©criture de lâhistoire dâun point de vue marxiste, sauf Ă cĂ©der Ă un dĂ©terminisme Ă©conomiste Ă©vacuant lâautonomie du politique, ce vers quoi Marx aurait finalement tendu aprĂšs 1848 [62]. En rĂ©alitĂ©, la sensibilitĂ© de Marx Ă la rĂ©volution » municipale de lâĂ©poque mĂ©diĂ©vale et aux luttes de classes Ă lâĂ©chelle de plusieurs siĂšcles, montre certes quâil existe une tension entre sa prise en compte du surgissement de lâĂ©vĂ©nement rĂ©volutionnaire 1789, 1848 puis plus tard 1871 et son analyse des mĂ©tamorphoses dâune classe sociale Ă lâĂ©chelle de plusieurs siĂšcles. Mais cette tension permet dâouvrir plusieurs voies pour lâanalyse des luttes de classes, laissant le soin Ă dâautres dâĂ©crire des Ă©tudes fouillĂ©es sur la question [63]. 36 DĂšs les lendemains de la mort de Marx, on retrouve ces difficultĂ©s dans les premiĂšres contributions historiques qui entendent comprendre lâhistoire rĂ©volutionnaire Ă la lumiĂšre de la lutte de classes. En 1889, Karl Kautsky propose un panorama des luttes de classes sous lâAncien RĂ©gime et pendant la RĂ©volution française, en insistant sur les contradictions de classes Ă lâĂ©chelle de plusieurs siĂšcles, selon un schĂ©ma assez proche de celui dâAugustin Thierry, quoique nettement plus concentrĂ© sur la pĂ©riode rĂ©volutionnaire. Dix ans plus tard, Jean JaurĂšs, rĂ©agissant Ă ce quâil juge ĂȘtre un marxisme Ă©troit, concentre lâessentiel des dĂ©buts de sa grande fresque dĂ©diĂ©e Ă lâhistoire de France aux quatre annĂ©es 1789-1794, oĂč les luttes de classes sont envisagĂ©es principalement dans le cadre de lâĂ©vĂ©nement rĂ©volutionnaire [64]. Lâun et lâautre proposent une lecture qui se revendique explicitement de Marx. PlutĂŽt que vouloir dĂ©terminer lequel des deux est le plus proche de Marx, constatons que lâun et lâautre lui sont dâune certaine maniĂšre fidĂšles ils en radicalisent, chacun dans leur contexte politico-intellectuel, lâune des intuitions mĂ©thodologiques. Leur controverse amorce une longue sĂ©quence historiographique oĂč, au sein du marxisme, le temps court de la rĂ©volution et le temps long de la transition historique seront Ăąprement dĂ©battus. Le paradoxe est que la grande fresque dâAugustin Thierry sur lâhistoire du Tiers-Ătat Ă©tait entretemps tombĂ©e dans lâoubli, aprĂšs avoir pourtant Ă©tĂ© lâune des Ćuvres historiques ayant suscitĂ© la rĂ©flexion marxienne Ă un moment crucial de lâhistoire des rĂ©volutions en Europe. Notes [1] Marx Karl, Engels Friedrich, Correspondance. Tome III janvier 1852 â juin 1853, Paris, Ăditions Sociales, 1972, p. 79. Lettre du 5 mars 1852 de Karl Marx Ă Joseph Weydemeyer. [2] Idem. [3] Sur la dictature du prolĂ©tariat » chez Marx voir Draper Hal, Karl Marxâs Theory of Revolution. Vol. III The Dictatorship of the Proletariat, New-York, Monthly Review Press, 1986. [4] Marx Karl, Engels Friedrich, Correspondance. Tome IV juillet 1852-juin 1957, Paris, Ăditions Sociales, 1974, p. 148. Lettre du 27 juillet 1854 de Karl Marx Ă Friedrich Engels. [5] Thierry Augustin, Essai sur lâhistoire de la formation et des progrĂšs du Tiers-Ătat, Paris, Furne, 1853. [6] Hobsbawm Eric, Marx et lâhistoire, Paris, Demopolis, 2008, p. 62. [7] Hobsbawm Eric, Et le monde changea. RĂ©flexions sur Marx et le marxisme de 1840 Ă nos jours, Paris, Actes Sud, 2013, p. 45. [8] Nous mentionnons dĂ©sormais dans cet article lâouvrage dâAugustin Thierry sous cette forme abrĂ©gĂ© dâEssai. [9] La derniĂšre Ă©dition remonte en effet Ă 1883-1884. [10] Marx Karl, Engels Friedrich, Exzerpte und Notizen. September 1853 bis Januar 1855 Marx Engels Gesamtausabe IV/12, Berlin, Akademie Verlag, 2007, pp. 513-580. [11] Gauchet Marcel Les Lettres sur lâhistoire de France dâAugustin Thierry », in Nora Pierre dir., Les lieux de mĂ©moire, La Nation II, Paris, Gallimard, 1986, p. 251. Gauchet Ă©voque principalement les Lettres sur lâhistoire de France de Thierry dont une nouvelle Ă©dition des Lettres a paru aux Classiques Garnier en 2014 mais trĂšs peu lâEssai sur lâhistoire, il est vrai hors de son cadre chronologique qui se limite aux annĂ©es 1830. [12] Venayre Sylvain, Les Origines de la France. Quand les historiens inventaient la nation, Paris, Seuil, 2013. Signalons Ă©galement Aramini AurĂ©lien, LâArchĂ©ologie linguistique du pouvoir et du peuple chez Augustin Thierry », Revue dâhistoire du xix e siĂšcle, no 49, 2014, pp. 179-193. [13] [14] Sur ce point voir la bibliographie et les rĂ©flexions de Mazauric Claude, LâHistoire de la RĂ©volution française et la pensĂ©e marxiste, Paris, Puf, 2009. [15] Marx Karl, Recension du livre de François Guizot Pourquoi la rĂ©volution dâAngleterre a-t-elle rĂ©ussi ? Discours sur lâhistoire de la rĂ©volution dâAngleterre, Paris, 1850 » in Furet François, Marx et la RĂ©volution française, Paris, Flammarion, 1986, pp. 230-232. [16] Marx Karl, Engels Friedrich, Exzerpte und Notizen. Kreuznacher Hefte u. a. 1843 bis Januar 1845 Marx Engels Gesamtausgabe. IV/2, Berlin, Akademie Verlag, 1981, pp. 148-150. [17] Schmidt Ernst Alexander, Geschichte von Frankreich, Hamburg, Perthes, 1835-1848. [18] Thierry Augustin, Entstehung und Ausbildung des Tiers-Etat in Frankreich bis zur Zeit der Renaissance. Historische Skizze, Zerbst, Druck und Verlag der Kummerschen Buchhandlung, 1847. [19] Marx Karl, Engels Friedrich, LâIdĂ©ologie allemande, Paris, Ăditions Sociales, 1976, pp. 465-479. [20] Thierry Augustin, Essai sur lâhistoireâŠ, op. cit., p. 237. [21] Ibidem, p. 17. [22] Venayre Sylvain, Les Origines de la France, op. cit., p. 105. [23] Marx Karl, Engels Friedrich, Correspondances. Tome IV, op. cit., p. 148. [24] Lâoriginal est ici restituĂ© dans nos notes. [25] Marx Karl, Engels Friedrich, Exzerpte und Notizen. September 1853 bis Januar 1855, op. cit., p. 523 Erste apparition dâune pensĂ©e politique des classes roturiĂšres ». [26] Ibidem, p. 554. [27] Ibidem, p. 562 Im xiiI Jhh. Eine erste Revolution ». Il insiste ensuite sur la Municipalrevolution » p. 571. [28] Marx Karl, Engels Friedrich, Correspondances, op. cit, t. 4. p. 149. [29] Marx Karl, Engels Friedrich, Exzerpte und Notizen. September 1853 bis Januar 1855, op. cit., p. 520 Analogie in der sĂ©rie der rĂ©volutions municipales du xii Jhh. m. der constitutionellen Bewegung im 19t. Lâimitation y joua un rĂŽle considĂ©rable ». [30] Outre Venayre Sylvain, Les Origines de la France, op. cit., voir Schreiner Klaus Kommune Bewegungâ und Zunftrevolutionâ. Zur Gegenwart der mittelalterlichen Stadt im historisch-politischen Denken des 19. Jahrhunderts », in Setzler Wilfried dir. Stadtverfassung, Verfassungsstaat, Pressepolitik. Festschrift fĂŒr Eberhard Naujoks zum 65. Geburstag, Sigmaringen, 1980, pp. 139-168. [31] Engel Evamaria, Mittelalterliches StĂ€dtebĂŒrgertum und Zunftwesen in der Auffassung von Karl Marx », in KĂŒttler Wolfgang dir., Das geschichtswissenschaftliche Erbe von Karl Marx, Berlin, Akademie Verlag, 1983, p. 218. [32] Ibidem, pp. 207-208. [33] La MEGA nâa pas encore publiĂ© ces notes mais un aperçu de celles-ci existe en russe, lâoriginal en allemand nâayant jamais Ă©tĂ© publiĂ©. Elles traitent notamment des luttes sociales pendant les xiv e et xv e siĂšcles. Voir Archives de Marx et Engels, Moscou, t. VI, p. 387. [34] Aron Raymond, La Lutte de classes nouvelles leçons sur la sociĂ©tĂ© industrielle, Paris, Gallimard, 1964, p. 45. [35] Bidet Jacques, LâĂtat-monde. LibĂ©ralisme, socialisme et communisme Ă lâĂ©chelle globale refondation du marxisme, Paris, Puf, 2011. [36] Venayre Sylvain, Les Origines de la France, op. cit., p. 283. [37] Marx Karl, Engels Friedrich, Exzerpte und Notizen. September 1853 bis Januar 1855, op. cit., p. 550 Die Arbeit der fzs. Gesellschaft seit dem xii Jhh. aboutiert in der monarchie absolue, son second point de dĂ©part ». [38] Ibidem, p. 541 Der cahier des tiers v. 1615 vaste programme de rĂ©formes, wovon les unes exĂ©cutĂ©es durch die grands ministres des xvii Jhh., die andre 1789 ». [39] Marx Karl, Engels Friedrich, Correspondances. Tome IV, op. cit., p. 149. [40] Marx Karl, Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte, Paris, Le Livre de Poche, 2007, p. 255. [41] La mĂȘme prĂ©occupation se retrouve dans La guerre civile en France 1871, notamment dans ses brouillons prĂ©paratoires. [42] Marx Karl, Engels Friedrich, Correspondances. Tome IV, op. cit., p. 149. [43] Idem. [44] Voir Ă ce propos les travaux de Stephen Sawyer sur Louis Blanc, par exemple The Liberal Origins of Louis Blancâs Republican State », The Tocqueville Review/La Revue Tocqueville, Vol. XXXIII, no 2, pp. 141-163. [45] StĂ©panova EugĂ©nia et al., Karl Marx, sa vie, son Ćuvre, Moscou, Ăditions du progrĂšs, 1973, p. 278. [46] Histoire de la France de la RĂ©volution de 1789 Ă la fin de la PremiĂšre guerre mondiale, Moscou, Ădition du progrĂšs, 1973-1978, t. 2, p. 201-202. [47] Soboul Albert, JaurĂšs, Mathiez et lâhistoire de la RĂ©volution française », Annales Historiques de la RĂ©volution française, no 237, 1979, p. 447. [48] Renault Emmanuel, Marx et la philosophie, Paris, Puf, 2014, p. 40. [49] Bebel August et Bernstein Eduard, Der Briefwechsel zwischen Friedrich Engels und Karl Marx, 1844 bis 1883, Stutttgart, Dietz, 1913. [50] Mehring Franz, Neue BeitrĂ€ge zur Biographie von Karl Marx und Friedrich Engels », Die neue Zeit Wochenschrift der deutschen Sozialdemokratie, DeuxiĂšme tome, cahier 31, 1906-1907, pp. 160-168. [51] Tosel AndrĂ©, Le Marxisme du vingtiĂšme siĂšcle, Paris, Syllepse, 2009. [52] LâURSS diffusera ses Ćuvres en plusieurs langues, dont le français, jusquâaux annĂ©es 1980. Voir ses Ćuvres philosophiques, Moscou, Ăditions du progrĂšs, 1961-1983, 5 tomes. [53] Plekhanov Georges, Augustin Thierry et la conception matĂ©rialiste de lâhistoire », Le Devenir social, no 8, novembre 1895, pp. 693-709. Le texte est Ă©trangement absent de lâĂ©dition française des Ćuvres philosophiques. [54] La revue publie des textes importants de Marx et dâEngels et une sĂ©rie de textes sur le matĂ©rialisme historique. Câest Ă cette revue que lâon doit la premiĂšre Ă©dition en brochure du Manifeste du parti communiste 1895 ; voir Cahen Jacqueline, Les premiers Ă©diteurs de Marx et Engels en France 1880-1901 », Cahiers dâhistoire. Revue dâhistoire critique, 2011, pp. 20-37. [55] Plekhanov se rĂ©fĂšre notamment Ă plusieurs ouvrages regroupĂ©s dans les Ćuvres complĂštes dâAugustin Thierry Ă©dition de 1840, puis augmentĂ©e et rĂ©imprimĂ©e Ă plusieurs reprises. [56] Ă noter que dans lâHistoire de France publiĂ©e en URSS le seul marxiste qui puisse faire concurrence » Ă la brĂšve citation de Marx de 1854 est Georges Plekhanov, dont deux textes portant sur Augustin Thierry sont citĂ©s et mentionnĂ©s. [57] Plekhanov Georges, PrĂ©face au Manifeste du parti communiste », Ćuvres philosophiques, op. cit., t. 2 p. 491. [58] Ibidem, p. 488. [59] Ibidem, p. 489. [60] Aramini AurĂ©lien, LâArchĂ©ologie linguistique du pouvoir et du peuple chez Augustin Thierry », art. citĂ©, p. 179. [61] Hobsbawm Eric, Marx et lâhistoire, Paris, Demopolis, 2008, p. 45. [62] Furet François, Marx et la RĂ©volution française, Paris, Flammarion, 1986. [63] Pour une approche synthĂ©tique du marxisme Ă lâhistoire voire Ducange Jean-Numa et Mazauric Claude, Marxisme », in Gauvard Claude et Sirinelli Jean-François dir., Dictionnaire de lâhistorien, Paris, Puf, 2015 Ă paraĂźtre. [64] JaurĂšs Jean, Kautsky Karl, Socialisme et RĂ©volution française, Paris, Demopolis, 2010.
Cest vrai que l'Ăglise est en crise depuis de nombreuses dĂ©cennies. Il y a par contre de nombreuses associations catholiques comme l'Opus Dei, Marie-Jeunesse, les FraternitĂ©s Foi et Vie, le Centre Leunis, Campagne QuĂ©bec-Vie, JĂ©sus Marie et notre Temps, qui font un travail remarquable sur le plan spirituel et qui font la promotion des valeurs morales traditionnelles.
RenĂ©e Fregosi Jean-Luc MĂ©lenchon ne peut pas ĂȘtre le vote utile des Ă©lecteurs de gauche»FIGAROVOX/TRIBUNE - SĂ©golĂšne Royal a affirmĂ© que le vote utile Ă gauche Ă©tait Jean-Luc MĂ©lenchon. La politologue juge qu'au contraire, en reprenant Ă son compte les thĂ©ories dĂ©coloniales et racialistes, le candidat LFI est trop Ă©loignĂ© des aspirations des classes populaires. Ascension sociale Entre les transfuges de classe et leurs parents, le fossĂ© se crĂ©e trĂšs tĂŽt»ENTRETIEN - Fils d'agriculteurs, filles d'aides-soignantes, ces transfuges de classe sont devenus Ă©crivains, Ă©lus politiques. Dans un livre, le journaliste Adrien Naselli met en lumiĂšre le rĂŽle de leurs parents, qui ne les ont pas lĂąchĂ©s». Gilles-William Goldnadel La gauche a quittĂ© la lutte des classes pour la lutte des races»FIGAROVOX/CHRONIQUE - Sandrine Rousseau a notamment affirmĂ© sur Europe 1 Les femmes, les noirs, les musulmans sont des rĂ©sistants de fait [...] L'Ă©cologie ce n'est pas des hommes blancs Ă vĂ©lo dans les villes». L'avocat estime que ces propos rĂ©vĂšlent le basculement indigĂ©niste de l'ensemble de la gauche. JĂ©rĂŽme Sainte-Marie La cristallisation du bloc populaire peut aboutir Ă la dĂ©faite de Macron»GRAND ENTRETIEN - Câest le livre dâun sondeur, qui dĂ©crypte les chiffres, mais aussi celui dâun thĂ©oricien et sociologue capable dâanalyser les mouvements profonds de la sociĂ©tĂ©. Dans un essai majeur, Bloc contre bloc. La dynamique du macronisme, publiĂ© aux Ăditions du Cerf, JĂ©rĂŽme Sainte-Marie montre le retour de la lutte des classes dans une sociĂ©tĂ© qui se divise dĂ©sormais en deux blocs Ă©litaire et populaire. François d'Orcival Quand le jaune a virĂ© au rouge»CHRONIQUE - Comment le mouvement des gilets jaunes» a fini par ĂȘtre contaminĂ© et dĂ©naturĂ© par l'idĂ©ologie d'extrĂȘme gauche. La lutte des classes ne correspond plus Ă la rĂ©alitĂ© de la sociĂ©tĂ© d'aujourd'hui » Nicolas Baverez Le spectre de Marx»CHRONIQUE - La crise traversĂ©e par le capitalisme mondialisĂ© et les dĂ©mocraties libĂ©rales semblent redonner une singuliĂšre actualitĂ© Ă certaines idĂ©es du thĂ©oricien de la lutte des classes, explique Nicolas Baverez. Mais d'oĂč vient la haine des riches ?»FIGAROVOX/ANALYSE - Philippe Fabry voit dans l'histoire sociale du XIXe siĂšcle, marquĂ©e par le suffrage censitaire jusqu'en 1848 et l'interdiction des syndicats jusqu'en 1884, l'explication de l'hostilitĂ© française Ă l'Ă©gard des riches. L'argent est enviĂ© et le patron, toujours coupable d'oppression dans la psychologie collective, dĂ©testĂ© par beaucoup. Guillaume Roquette La fin de la lutte des classes ?»ĂDITORIAL - Pour le directeur de la rĂ©daction du Figaro Magazine, les Français semblent avoir enfin rompu avec un demi-siĂšcle de conservatisme social. Pour une majoritĂ© de Français, la lutte des classes existe toujoursGauche, droite, Front national... Quelle que soit leur couleur politique, les Français sont deux tiers Ă estimer que la lutte des classes reste une rĂ©alitĂ© aujourd'hui dans l'Hexagone, selon le BaromĂštre des Ă©vĂ©nements Ă©conomiques Odoxa-MCI. Air France, Jean-Luc MĂ©lenchon et la lutte des classesFIGAROVOX/ANALYSE - Laurent Bouvet revient sur la crise Ă Air France et les propos tonitruants du leader du Front de gauche prĂȘt Ă aller en prison Ă la place des salariĂ©s de la compagnie». La CNT, syndicat anarcho rĂ©volutionnaire, appelle Ă la grĂšve gĂ©nĂ©raleCe groupuscule qui prĂŽne l'abolition des classes est contre les patrons, contre le salariat, contre l'Ătat». Il profite de l'appel Ă la mobilisation le 9 avril de la CGT et FO pour faire parler de lui. Et recruter quelques militants radicaux. JaurĂšs serait-il socialiste aujourd'hui ?FIGAROVOX/TRIBUNE - Alors que François Hollande se rend mercredi 23 avril Ă Albi et Carmaux pour rendre hommage Ă Jean JaurĂšs, le philosophe Claude Obadia combat les idĂ©es prĂ©conçues Ă l'Ă©gard du dĂ©putĂ© du Tarn, notamment sur le progrĂšs social, la religion et l'identitĂ© europĂ©enne. Le retour de la lutte des classesVoici les premiers paragraphes de la nouvelle lettreâŠ
La lutte des classes est une pureinvention de Marx. »La lutte des classes, on nâen veut plus !B. Kouchner, Ă©mission Le forum europĂ©en, ARTE,17 dĂ©cembre 2005Marx a-t-il inventĂ© la lutte des classes?Il sembleraitque oui, si lâon en croit la rumeur qui voudrait quenous soyons dans des sociĂ©tĂ©s apaisĂ©es, oĂč le consensusrĂšgne sur le principe de lâĂ©conomie de marchĂ©, et oĂč
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Lecombat pour empĂȘcher la contre-rĂ©volution de la classe capitaliste, la lutte pour extirper les vestiges de la loi de la va leur, pour socialiser lâagriculture, pour changer les conditions et les buts de la production sociale, pour rĂ©pondre aux besoins des hommes et dĂ©velopper les forces productives tout en Ă©levant le niveau de vie des producteurs, tout en unifiant la sociĂ©tĂ© dans
A propos du livre PrĂ©sentation de l'Ă©diteur Un guide pratique et accessible pour comprendre la pensĂ©e marxiste qui anime encore aujourd'hui les plus vifs dĂ©bats politiques et Ă©conomiques. En vĂ©ritable esprit rĂ©volutionnaire, Karl Marx marque son Ă©poque en Ă©nonçant sa virulente critique envers le capitalisme Ă©mergent. S'appuyant Ă la fois sur la sociologie, la philosophie, l'histoire et l'Ă©conomie, il dĂ©fend la cause de l'homme, Ă la fois produit et producteur de son environnement. Ce livre vous permettra d'en savoir plus sur * La vie de Karl Marx * Ses principaux contemporains * Sa pensĂ©e et ses apports en Ă©conomie, dont les concepts de matĂ©rialisme historique et de lutte des classes * Les limites de sa rĂ©flexion * Les rĂ©percussions historiques de sa vision Le mot de l'Ă©diteur Avec l'auteur, Gabriel Verboomen, nous avons cherchĂ© Ă prĂ©senter aux lecteurs la thĂ©orie Ă©conomique de ce grand penseur du Xixe siĂšcle. Ă la fois historien, philosophe, sociologue et Ă©conomiste, Karl Marx rĂ©volutionne la pensĂ©e classique de l'Ă©poque et replace l'homme au centre du systĂšme Ă©conomique. » Juliette NĂšve Ă Propos De La SĂRie 50Minutes Culture Ă©conomique La sĂ©rie Culture Ă©conomique » de la collection 50Minutes propose des documents qui invitent tous les curieux Ă rĂ©flĂ©chir sur les enjeux et les rĂ©alitĂ©s qui façonnent le monde Ă©conomique actuel. Nous avons conçu la collection Business & Economics en pensant aux nombreux professionnels obligĂ©s de se former en permanence en Ă©conomie, en management, en stratĂ©gie ou en marketing. Nos auteurs combinent des Ă©lĂ©ments de thĂ©orie, des pistes de rĂ©flexion, et dans certains cas des Ă©tudes de cas et de nombreux exemples pratiques pour permettre aux lecteurs de dĂ©velopper leurs compĂ©tences et leur expertise. Les informations fournies dans la section A propos du livre » peuvent faire rĂ©fĂ©rence Ă une autre Ă©dition de ce titre. Meilleurs rĂ©sultats de recherche sur AbeBooks Image d'archives Image fournie par le vendeur Karl Marx, la lutte des classes et le capital Pourquoi l'individu est-il au coeur des enjeux Ă©conomiques ? Gabriel Verboomen EditĂ© par 2014 ISBN 10 280625745X ISBN 13 9782806257451 Neuf Taschenbuch QuantitĂ© disponible 1 Description du livre Taschenbuch. Etat Neu. Druck auf Anfrage Neuware -Un guide pratique et accessible pour comprendre la pensĂ©e marxiste qui anime encore aujourd'hui les plus vifs dĂ©bats politiques et Ă©conomiques. En vĂ©ritable esprit rĂ©volutionnaire, Karl Marx marque son Ă©poque en Ă©nonçant sa virulente critique envers le capitalisme Ă©mergent. S'appuyant Ă la fois sur la sociologie, la philosophie, l'histoire et l'Ă©conomie, il dĂ©fend la cause de l'homme, Ă la fois produit et producteur de son environnement. Ce livre vous permettra d'en savoir plus sur . La vie de Karl Marx . Ses principaux contemporains . Sa pensĂ©e et ses apports en Ă©conomie, dont les concepts de matĂ©rialisme historique et de lutte des classes . Les limites de sa rĂ©flexion . Les rĂ©percussions historiques de sa vision Le mot de l'Ă©diteur Avec l'auteur, Gabriel Verboomen, nous avons cherchĂ© Ă prĂ©senter aux lecteurs la thĂ©orie Ă©conomique de ce grand penseur du XIXe siĂšcle. Ă la fois historien, philosophe, sociologue et Ă©conomiste, Karl Marx rĂ©volutionne la pensĂ©e classique de l'Ă©poque et replace l'homme au centre du systĂšme Ă©conomique. » Juliette NĂšve Ă PROPOS DE LA SĂRIE 50MINUTES Culture Ă©conomique La sĂ©rie Culture Ă©conomique » de la collection 50MINUTES propose des documents qui invitent tous les curieux Ă rĂ©flĂ©chir sur les enjeux et les rĂ©alitĂ©s qui façonnent le monde Ă©conomique actuel. Nous avons conçu la collection Business & Economics en pensant aux nombreux professionnels obligĂ©s de se former en permanence en Ă©conomie, en management, en stratĂ©gie ou en marketing. Nos auteurs combinent des Ă©lĂ©ments de thĂ©orie, des pistes de rĂ©flexion, et dans certains cas des Ă©tudes de cas et de nombreux exemples pratiques pour permettre aux lecteurs de dĂ©velopper leurs compĂ©tences et leur expertise. 32 pp. Französisch. N° de rĂ©f. du vendeur 9782806257451 Plus d'informations sur ce vendeur Contacter le vendeur Image d'archives Image fournie par le vendeur Image fournie par le vendeur Image d'archives Image d'archives
Lalutte des classes est un des thĂšmes majeurs de Marx et, aussi, lâun de ceux qui a causĂ© le plus de mal Ă lâhumanitĂ©. Ă travers lui, il affirme que le dĂ©veloppement de lâhumanitĂ© aurait eu lieu grĂące Ă une dispute sans fin entre ceux qui ont de lâargent (les dominateurs) et ceux qui ont la force du travail (les dominĂ©s) et grĂące Ă la croissance des forces productives. L
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Envisite au camp des indignĂ©-e-s de la Place de Catalogne, cette lutte est dure mais source dâintelligence, de joie, de dignitĂ© ici et maintenant ; elle entrouvre la porte vers un autre monde possible maintenant du fait que oui, il existe dĂ©jĂ , en creux, Ă lâenvers du monde actuel. « Toute Ă©conomie se rĂ©sout en derniĂšre analyse Ă une Ă©conomie du temps » (Marx). L
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